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Audit minier : 94 % des permis au sénégal jugés non conformes

Sur un total de 513 permis miniers actifs recensés au Sénégal, 481 ne respectent pas la réglementation en vigueur, soit 94 %, selon les résultats d’un audit commandité par le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines. L’information a été rendue publique lors d’un atelier sur la transparence dans la gouvernance des ressources extractives, organisé sur la Petite Côte en partenariat avec l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (Ajtrepe), rapporte L’Observateur.

Cette opération d’assainissement découle de la volonté du nouveau gouvernement de rétablir une gestion rigoureuse et transparente du secteur minier national. D’après L’Observateur, l’audit, conduit par la Direction générale des Mines et de la Géologie (DGMG), avait pour objectif de dresser un état des lieux exhaustif de l’exploitation minière formelle sur l’ensemble du territoire, sur la base des données cadastrales de novembre 2024. Le directeur général de la DGMG, Ibrahima Gassama, a précisé que cette mission a été confiée à un comité technique pluridisciplinaire (géologues, juristes, administrateurs…), mis en place dès le mois de novembre.

Les résultats sont accablants : selon L’Observateur, 64 permis de recherche, 28 petites mines, 6 permis d’exploitation, 21 concessions minières, 115 autorisations d’exploitation minière semi-mécanisée et 248 carrières ne sont pas en conformité avec la législation. En revanche, seuls 6 permis de recherche, 15 autorisations semi-mécanisées et 10 permis de carrières sont jugés conformes, tandis que d’autres titres – au total 210 – sont en situation « sous réserve ».

Face à ces dysfonctionnements, la première décision de la DGMG a été de suspendre toutes les inscriptions et demandes de renouvellement de titres. Ibrahima Gassama a également révélé, dans les colonnes de L’Observateur, que certaines autorisations ont été délivrées entre le 25 et le 27 mars 2024, soit juste après l’élection présidentielle, ce qui soulève de sérieuses interrogations sur la légitimité de ces actes administratifs.

Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, a dénoncé l’opacité et les pratiques douteuses qui prévalaient auparavant. Il a déclaré à L’Observateur : « Pendant longtemps, notre administration n’a pas fonctionné comme elle le devait. Il est inadmissible qu’une personne dépose une demande de permis et que le même jour, celui-ci soit validé. » Il a ajouté que certaines personnes détiennent jusqu’à une douzaine de titres, ce qui nuit gravement à l’équité et à la bonne gouvernance du secteur.

Toujours selon L’Observateur, l’audit a également mis en lumière des cas de fausses déclarations et de surfacturations par des opérateurs qui interviennent dans les grands chantiers de l’État. Ces derniers obtiennent des titres, exploitent au-delà de leurs périmètres autorisés, mais ne déclarent rien à l’administration. Résultat : l’État subit un double préjudice, en matière de perte fiscale et de mauvaise exploitation du patrimoine national.

Le ministre a, par ailleurs, annoncé la création prochaine de couloirs d’orpaillage pour mieux encadrer l’exploitation artisanale de l’or et accompagner les communautés locales. Il a assuré qu’une commission de 22 personnes travaille actuellement à l’examen rigoureux de chaque dossier et a promis, dans une déclaration reprise par L’Observateur, de ne jamais intervenir personnellement dans une quelconque instruction de permis.

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