Bacary Konté : “Nous appliquons la loi, pas une vendetta politique”

La convocation de dignitaires de l’Alliance pour la République (APR) devant la justice pour des affaires les concernant a effectivement généré des débats passionnés et des controverses au sein de l’opinion publique.
D’une part, certains soutiennent une interprétation rigoureuse du principe de rupture, de mettre un terme avec l’ancien mode de gestion de l’État et estiment que chaque individu doit rendre des comptes sur sa gestion, indépendamment de son affiliation politique ou de son passé. Cette approche est souvent perçue comme un moyen de garantir la transparence dans la gestion des affaires publiques.
D’autre part, certains membres de l’ancien régime et leurs sympathisants voient ces convocations comme une manipulation politique, interprétant même les actions judicaires comme des règlements de comptes ou des tentatives de discréditer les figures de l’opposition.
Pour le premier point, tout le monde savait qu’après l’arrivée du nouveau régime, celui-ci allait procéder de façon systématique aux nominations de ses hommes de confiance à des postes clés. À cet égard, PASTEF est allé doucement mais sûrement, bien qu’il ait commis quelques erreurs en nommant certains thuriféraires de l’ancien régime. Le PASTEF veut, par là, montrer qu’il n’est pas obnubilé par l’idée de changer pour changer, tout en créant des chômeurs, mais plutôt de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Il n’hésite pas à extirper des parasites qui pourraient être une source de menace ou de sabotage pour la bonne gestion des affaires courantes. Nous savions tous que le nouveau régime allait procéder à des audits pour connaître la situation financière, foncière, fiscale et administratives du pays. C’est ainsi que la Cour des Comptes a publié le rapport définitif sur la situation des finances publiques, gestion allant de 2019 au 31 mars 2024. Dans ce rapport, des manquements graves, ont été mentionnés. Face à ces manquements inattendus, quelle serait la réaction de ce nouveau régime ? Elle sera sans doute de convoquer les concernés, de les entendre en profondeur et de faire tout son possible pour récupérer les biens publics et les restituer à la population. C’est exactement ce que l’actuel régime est en train de faire.
Pour le second point, les arguments avancés çà et là par les membres de l’ancien régime émanent purement et simplement d’une politique politicienne basée sur une mauvaise foi. Ils prétendent que les arrestations des sangsues de l’ancien régime, à savoir Farba Ngom et Tahirou Sarr, seraient une commande politique voulue et commanditée par le Premier Ministre. Non, nous ne sommes pas un parti politique qui se bat pour une cause et son contraire. Nous nous sommes battus au prix de notre vie pour éradiquer l’instrumentalisation de la justice à des fins strictement politiciennes. Si vous n’étiez pas aveuglés par votre mauvaise foi qui consiste à dissimuler sciemment la vérité pour crier au secours, vous auriez reconnu que nous sommes loin de cette hypothèse. Nous ne sommes pas dans un règlement de compte politique, mais plutôt dans une transparence dans la gestion des finances publiques comme le stipule la loi 2012-22 du 27 décembre 2012 en son point 1.7 « dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des finances publiques et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement fait l’objet d’un rapport préparé par le Gouvernement audité puis publié par la cour des comptes ». Ces mauvaises foi prétendent, dans ce même sillage, que le Ministre de la justice serait en pleine mission d’exécution des ordres politiques. Voyons ! Je vous exhorte à la raison et à la sagesse. Dans un passé récent, c’était la même personne qui refusait d’exécuter vos commandes politiques tendant à emprisonner illégalement les opposants. Comment pouvait-il vous refuser cela, avec tous les avantages dont vous disposiez, pour accepter, aujourd’hui, d’exécuter nos commandes politiques alors qu’il n’est même pas de notre parti politique ? Il est un homme reconnu pour son franc-parler et surtout pour son intégrité inébranlable. Après l’épuisement de toutes ces allégations infondées, ils font recours à l’appartenance ethnique pour solder leurs problèmes, mais c’est peine perdue car cette tentative ne saurait prospérer dans un Sénégal un et indivisible.
Tout compte fait, ce régime marquera la rupture avec les anciennes pratiques aussi longtemps qu’il sera au pouvoir et appliquera toutes les procédures qui lui permettront de restituer aux sénégalais leurs biens publics tout en respectant les droits des accusés, car nous souhaiterions être traités de la sorte une fois après le pouvoir.
Bacary KONTÉ
PASTEF/Ziguinchor