Confidence d’un meurtrier : « Je lui ai asséné une barre de fer à la tête (…) J’ai enveloppé son c0rps avec un matelas, aidé par… »

Condamnés respectivement en première instance à la réclusion à perpétuité et à 15 ans d’emprisonnement pour assassinat, association et recel de malfaiteurs, les jeunes Pape Mor Djité et Talla Diassé ont interjeté appel de leur jugement dans cette affaire de meurtre ayant coûté la vie à Koutay Kounta Ndiaye.

L’affaire porte sur une vente de véhicule où le vendeur a été froidement tué par son client le nommé Pape Mor Djité avant de s’emparer de son véhicule de marque “Range Rover”.

Les faits se sont déroulés dans le populeux village de Yarakh situé sur le littoral de la baie de Hann. Face au juge, les mis en cause sont revenus de fond en comble sur le film de l’assassinat d’une atrocité inouïe.

Devant la barre de la chambre criminelle, Pape Mor Djité puisque c’est de lui qu’il s’agit, a expliqué avoir été appréhendé à la frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau après avoir commis son forfait et cherchant vainement à sortir du territoire national. Parti très tôt voir son vendeur, Koutay Kounta Ndiaye, le jour des faits, Pape Mor Djité a amené ce dernier dans une maison presque abandonnée qui sert de garage à des mécaniciens, pour dit-il, poursuivre les échanges sur le véhicule qu’il avait décidé d’acquérir.

Une fois sur place, Pape Mor Djité l’a assommé d’une barre de fer à la tête avant de se débarrasser de son corps assisté par son ami, Talla Diassé.

Interrogé sur son acte, l’accusé qui reconnait les faits d’assassinat, regrette et raconte.

« Les faits se sont passés à Yarakh, je suis parti le voir vers 7h du matin le récupérer et nous sommes partis dans la maison qui loge un garage de mécaniciens. Nous discutions lorsque Koutay Kounta Ndiaye a ouvert son sac pour en sortir un pistolet qu’il a pointé sur moi et c’est à ce moment que j’ai saisi une barre de fer que je lui ai administré à la tête. J’ai aussitôt réalisé que j’avais commis l’irréparable. Pris de panique, j’ai décidé de me débarrasser du corps que j’ai enveloppé avec un drap puis un matelas, j’ai ensuite acheté du ruban adhésif et des sacs de riz vides pour y dissimuler la dépouille. Pour me faciliter la tâche, j’ai dû appeler mon ami, Talla Diassé pour qu’il m’aide à conclure le forfait », a expliqué le meurtrier.

“Ta véritable intention en assassinant ton vendeur, n’était-elle pas de t’emparer de son véhicule, d’autant que l’enquête explique que tu voulais l’échanger avec 5 kilos de cocaïne en Guinée voisine ?, interroge le juge.

« Ce n’était pas mon intention de m’emparer du véhicule, j’avais déjà acheté le véhicule et j’avais d’ailleurs versé une avance de 5 millions FCFA. Ce jour là, lorsque j’y allais, c’était pour poursuivre nos discussions et voir l’état du véhicule », s’est-il justifié, niant catégoriquement le trafic de cocaïne.

À la question de savoir si la victime respirait encore après le coup, Pape Mor répond par la négative mais le juge ne le lâche pas et enchaine. L’enquête révèle que tu l’as étranglé avec la cravate qu’il portait pour l’achever, lui assène le magistrat.

« Non je ne l’ai pas étranglé, j’ai juste noué la cravate autour du cou pour éviter que ça traine », s’est défendu le bourreau.

Poursuivant, Pape Mor a confié devant la cour que son ami l’a rejoint pour l’aider à transporter le corps de la victime et aller le jeter au fond d’un tunnel à Thiès.

Condamné à 15 ans d’emprisonnement en première instance, pour association et recel de malfaiteurs dans un homicide, Talla Diassé a également livré sa version des faits devant le juge de la chambre criminelle. Il a d’emblée reconnu avoir aidé Pape Mor Djité à trainer un cadavre de Dakar à Thiès pour le jeter dans un tunnel.

« Quand je suis arrivé, j’ai trouvé le défunt enveloppé avec un matelas. J’avais tellement peur car je n’y croyais pas. Pape m’a appelé au téléphone pour me demander de l’aider à se débarrasser du corps. C’est devant moi qu’il a appelé un transporteur du nom de Maguèye qui est venu lui prêter main forte. Pour l’amener il a dit au convoyeur que c’était du poisson qu’il devait transporter en guise d’offrande. C’est après avoir dissimulé le corps que je me suis séparé avec Pape Mor Djité pour rentrer chez moi », a-t-il soutenu devant la cour.

Dans son témoignage, la femme de la victime a indiqué à la cour avoir cherché vainement à joindre son mari au téléphone mais à sa grande surprise c’est un inconnu qui a décroché pour lui dire que Koutay Kounta Ndiaye avait oublié son téléphone dans un endroit qu’il venait de fréquenter.

« Mon interlocuteur m’a demandé de rappeler ultérieurement le temps qu’il le lui remette, ce que j’ai fait à de multiples reprises pour essayer de parler à mon mari en vain », a laissé entendre la femme de la victime.

Dans sa plaidoirie, le parquet a attiré l’attention sur la constance du décès de Koutay Kounta Ndiaye comme une préméditation, car résultant d’une asphyxie par sa cravate serrée autour du cou mais aussi de l’assistance par son ami qui est également son cousin pour se débarrasser du corps. Le ministère public a dans les mêmes circonstances, relevé que le sieur Pape Mor Djité avait tenté d’amener sa victime à Thiès pour mettre à exécution son projet funèbre.

« Il est allé très tôt chercher sa victime pour l’amener dans une maison presque abandonnée. Il soutient avoir versé une avance pour l’acquisition du véhicule alors qu’il n’y a aucune preuve, où est la décharge ?», s’est interrogé le parquet qui considère que l’accusé avait mûri son projet soutenant que 2 barres de fer ont été trouvées sur la scène du crime par les enquêteurs.

Pour ce qui est de la complicité de son ami, le magistrat avance que ce dernier en l’occurrence, Talla Diassé a aidé l’assassin à supprimer des photos de son téléphone pour chercher vaille que vaille à plomber l’enquête. Il explique que le cousin est allé jusqu’à l’amener chez un marabout pour qu’il ne soit jamais arrêté.

Le parquet a, cependant, acquitté Talla Diassé du chef d’association de malfaiteurs et invité la cour à confirmer les peines retenues en première instance, notamment la réclusion à perpétuité pour le sieur Pape Mor Djité avec une amende de 200 millions FCFA en guise de dommages et intérêts pour le préjudice subi et 15 ans d’emprisonnement ferme pour son complice, Talla Diassé.

Pour sa part, la partie civile a qualifié les faits de barbarie, expliquant la constance autour du mobile. Les avocats de la famille du défunt ont confirmé le crime d’assassinat et ont développé sur le degré de violence avec laquelle la victime a été traitée.

« L’accusé a fait preuve d’une intelligence au service du crime. Il s’est évadé durant son garde-à-vue pendant plusieurs jours avant d’être arrêté en Mauritanie qu’il connait très bien », a relevé un des conseillers. Les avocats de la famille du défunt Koutay Kounta Ndiaye ont ainsi appelé la cour à confirmer le jugement en première instance.

La défense quant à elle, a sollicité la clémence du tribunal à l’endroit de Pape Mor Djité qui a aggravé son cas parce que pris de panique après le coup fatal infligé à la victime. L’avocat de Talla Diassé croit que son client a fini par céder à la demande de son ami par naïveté. « Mon client est intervenu après le forfait, après donc le décès de Koutay Kounta Ndiaye, mieux, il ne savait pas qu’il y avait un véhicule derrière cette affaire et que Pape Mor Djité voulait disparaitre avec », a-t-il soutenu, plaidant d’écarter les chefs d’association et recel de malfaiteurs. Le conseil a invité la cour à infirmer le jugement.

La chambre a retenu la date du 27 juillet 2021 pour rendre son délibéré..

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