Déroute de BBY aux locales : Macky Sall n’avait pas capté le signal fort de mars 2021

Initialement prévu en juin 2019, le scrutin renvoyé à novembre 2019, puis à mars 2021 a finalement eu lieu ce dimanche 23 janvier 2022. Une élection plusieurs fois reportée qui commence à révéler ses secrets.

Les premières tendances des résultats renseignent sur la hauteur de la chute de la coalition de la majorité Benno Bokk Yaakaar (BBY). Plusieurs ministres et directeurs généraux ont perdu dans leurs localités respectives. La coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW) remporte les villes symboliques de Dakar la capitale avec Barthélémy Dias et Ziguinchor qui est tombée sous l’escarcelle du leader de parti Pastef, Ousmane Sonko.

Des résultats qui sonnent apparemment comme une grosse surprise pour le président de la République Macky Sall et ses partisans. Ce, au regard des enjeux de ces joutes qui évidemment dépassaient le combat local.

En effet, ces élections de dimanche n’étaient pas sans rappeler la déclaration du ministre d’Etat directeur de cabinet du président Macky Sall : “les élections locales à venir ne seront que de nom ….Les résultats seront déterminants pour les élections législatives qui se tiendront cinq mois après. Nos résultats vont trancher le débat sur la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024”, avait laissé entendre Mahmoud Saleh. Ainsi donc au-delà du choix de leurs maires, présidents de conseils départementaux, conseillers municipaux, les  électeurs sénégalais avaient en arrière plan l’occasion de résoudre certaines questions latentes. Notamment, la polémique sur la probable candidature de l’actuel président de la République, la mal gouvernance, la problématique de l’indépendance de la justice, le chômage endémique chez les jeunes, la pauvreté ambiante des masses défavorisées, la transhumance de Idrissa Seck envers BBY est aussi passée par là…

Un scrutin donc aux allures de référendum.

Pour ou contre le président de la République, Macky Sall ?

En sanctionnant négativement beaucoup de ses choix dans plusieurs zones du pays, les sénégalais semblent régler toutes leurs préoccupations. Ils ne sont pas satisfaits de la manière dont, le pays est dirigé. Pourtant, nos compatriotes avaient lancé un signal fort à leur président en mars 2021 ,lors des émeutes suite à l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr.

Macky Sall qui s’était emmuré dans un silence assourdissant, était finalement sorti de sa réserve pour lancer aux manifestants : “je vous ai compris”. Il avait dans la foulée promu de prendre en charge les désidératas de cette jeunesse en manque d’emploi. Le chef de l’Etat avait autorisé un recrutement spécial de 5000 enseignants, au titre de l’année scolaire 2020/2021.Ce qui a été fait. Dans le programme  Xëyu ndaw ñi, il s’était engagé à recruter plusieurs jeunes dans différents secteurs.

Quelques temps après ces évènements de mars, le 22 avril 2021, en Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes, le président avait changé de discours :”vous savez chers jeunes ce qui s’est passé récemment dans notre pays, si le Sénégal n’était pas un grand pays démocrate, croyez moi le bilan aurait été catastrophique. Il n’est pas possible dans un pays de se réveiller et de tout détruire sans conséquences”, avait-il regretté. Non sans menacer : ” cela ne se reproduira plus. Il faut savoir que le pays nous appartient à tous. Soyez sans crainte, nous allons marquer les limites”, a-t-il prévenu d’un ton sec. Le chef de l’Etat n’avait pas pris la pleine mesure de cette lame de fond.

Le chef de l’Etat s’était braqué.

Droit dans ses bottes et avec ses fausses certitudes , de Paris ,il lance à l’endroit de l’opposition : “personne ne peut m’intimider”. Multipliant les combinaisons politiques, stratagèmes et subterfuges reléguant au second plan les aspirations d’un peuple qui ne demande qu’à être écouté.

En mars 2021, le président, Macky Sall n’avait rien compris!

La gestion du pouvoir est un facteur d’érosion de la popularité.

Aussitôt réélu en la faveur de la présidentielle de 2019, Macky Sall croyant être mandaté par Dieu,  prend la décision sur lui-même de se séparer des plus grosses pontes de son régime. Et la suite  est connue de tous aujourd’hui.

Si toute vertu procède d’une rétribution présente ou future, le contraire est tout aussi valable. Et le chef de la majorité n’a pas échappé à cette perte de légitimité par le biais de ces élections locales aux allures d’un référendum d’autodétermination !

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