Dettes, audio et décharges : les révélations expl0sives de Tabaski Ngom

Le dossier explosif des 700 millions FCFA de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE) prend une nouvelle tournure après l’audition de Tabaski Ngom, inspectrice du Trésor et ex-agente comptable particulière de l’institution. Entendue au fond par les juges Idrissa Diarra et Nelly Secko Dieng du Pool judiciaire financier (PJF), elle a livré un récit dense et accusateur, détaillant ce qu’elle présente comme un vaste endettement informel dirigé par Moustapha Diop, ancien ministre de l’Industrie devenu député-maire de Louga.
Durant près de quatre heures, Tabaski Ngom a expliqué que son ancien supérieur lui devait plus de 700 millions FCFA, avançant une décharge signée par ce dernier pour 200 millions comme preuve tangible. Elle a également fourni un enregistrement audio, obtenu à l’insu des intéressés dans le bureau de Momath Ba, ex-directeur général de l’Aprosi. Selon elle, on y entend Moustapha Diop admettre un contentieux financier et promettre de « trouver une solution ».
Elle reconnaît n’avoir exigé aucune garantie pour les sommes restantes, se fiant à une relation de confiance avec Moustapha Diop à l’époque où il supervisait la CRSE. Cette absence de preuves écrites pour le reliquat des fonds, soit plus de 500 millions, révèle les dangers d’une gestion basée sur des liens personnels plutôt que des procédures formalisées.
Mais la stratégie de transparence de Tabaski Ngom n’a pas suffi à l’innocenter. Elle a été arrêtée par la DIC et inculpée pour association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, faux et usage de faux, ainsi que blanchiment de capitaux. Elle est désormais sous mandat de dépôt.
Deux autres personnes sont également tombées :
Mor Guèye, patron des sociétés Webcom.Sen et Sen-Setal, soupçonné d’avoir profité du système, a été placé en détention.
Momath Ba, cité dans l’audio et poursuivi dans l’affaire, a évité la détention provisoire grâce à une caution de 90 millions FCFA mobilisée in extremis.
L’affaire révèle un système opaque, où l’informel et les influences politiques supplantent les règles de gestion budgétaire. Les prochains développements judiciaires s’annoncent déterminants.
SENEGALDIRECT