[focus] Addiction Aux Sports : La Bigorexie, L’autre Drogue Des Sportifs

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[Focus] Addiction aux sports : la bigorexie, l’autre drogue des sportifs
La bigorexie est une addiction au sport.  C’est une pathologie,  du moins selon l’Organisation mondiale de la santé. C’est une maladie curable. Un paradoxe. Elle peut avoir des effets positifs en termes de désintoxication et de cure.
 
Tout excès est nuisible dit l’adage. La dépendance est aussi une pathologie. La bigorexie  traduit  l’addiction au sport. Dans le monde, on ne compte plus, le nombre de d’athlètes victimes de cette dépendance.

Des  sportifs  amateurs, non professionnels sont aussi atteints par ce que les spécialistes qualifient de maladie. Comme la dépendance à  la drogue, à l’alcool, au tabac, à la boulimie, il est très difficile de se départir de la pratique régulière du sport. C’est d’ailleurs, pour cette raison que l’Organisation mondiale  de la santé  (OMS), a reconnu cette dépendance  comme une maladie.

Pour le professeur Ousmane Ndiaye, psycho-sociologue, toute dépendance suit un procédé. Il faut, dit-il, un début à tout. En sport, on peut commencer à courir sans être sûr du moment que vous allez abandonner la piste. Au fil des séances, des années, on prend goût à l’exercice physique. La passion se cristallise de jour en jour. L’envie de faire mieux et plus, le lendemain se renforce. De fil à aiguille, on devient accro. De ce fait, courir devient une seconde nature.   Avec  le temps,  ça nous hante, on devient alors malade  (dépendant) sans s’en rendre compte. C’est  trop tard qu’on s’aperçoit, qu’on ne peut plus s’arrêter. Selon le professeur Ndiaye, le cerveau commande tous les organes du corps humain. Cependant chaque organe a sa spécialité et ses besoins spécifiques. Ce rôle de régulateur que joue le cerveau peut avoir une faille qui  détient négativement sur certaines fonctions.  La recherche du bien-être physique  que procure le sport peut connaître un excès avec cette faille. Aussi dans notre esprit, autant on pratique le sport, autant notre corps en redemande de ce bien-être.
 
Les professionnels moins exposés que les amateurs

L’addiction s’installe au fil du temps. Les amateurs agissent souvent avec leur propre volonté. Ils choisissent leurs heures de sport, leur durée mais aussi la discipline sportive.  Ils peuvent forcer tant que ça  les chantent. Et, au fur et à mesure, s’ils ont une psychologie faible. Après, ils sont atteints de bigorexie. «  En général,  les sportifs de style extrême sont soumis à l’action de  dépendance  sans s’en rendre compte, souvent c’est pour impressionner par un physique charmant chez les hommes. Alors que chez les dames, la perte de poids est le soubassement de ce sport », explique le professeur Ndiaye. Dans toutes les sociétés, le regard de l’autre influe sur l’attitude et les comportements de certains individus.  A la vérité, on   cherche  souvent à changer notre apparence pas pour nous mais pour les regards extérieurs. «  En voulant  le faire sur le coup, on dépasse notre capacité d’endurance et physique encore et encore jusqu’à la bigorexie », renseigne le spécialiste. Même  si tout le monde peut être  concerné, le professeur Ousmane Ndiaye, psychosociologue, mentionne que les sportifs de haut  niveau sont  moins exposés. La prévalence de la bigorexie est de 18 % chez les amateurs contre 12 % chez les professionnels.

Cependant  cette  passion obsessionnelle peut aussi affecter les sportifs de haut niveau.  Ces professionnels sont souvent suivis  par des moniteurs qualifiés  qui les entraînent et ajustent tout  suivant leurs capacités physiques.
La contre-performance,  une des causes chez les pros.

Chez les sportifs, les niveaux  baissent avec les performances. Aussi, comme certains sujets atteints de troubles du comportement alimentaire, ces sportifs peuvent estimer que  cette contre-performance est due à une baisse d’efforts physiques.  Aussi, ils veulent aller plus loin  que leurs capacités habituelles. Souvent déprimés à l’idée de ne pas pouvoir respecter un plan d’entraînement, ils laissent le sport gouverner leur quotidien. Le moindre contretemps pouvant altérer le déroulement idéal de la journée (entraînement, heures des repas, plages de repos) est vécu comme une agression insupportable. Dans  ces cas, nombreux sont ces sportifs professionnels qui  ne se limitent plus à la recommandation de leur moniteur. Ainsi, ils se cachent  pour faire des séances  supplémentaires. Ce sont autant de faits qui attestent qu’ils ne peuvent pas s’en passer. D’ailleurs,  selon une étude réalisée par l’Organisation mondiale  de la santé (Oms),  les spécialistes de la bigorexie ont confirmé  que «  10 à 15% des sports ayant une pratique intensive souffrent en réalité, d’une véritable dépendance. Et confirment que la haute compétition n’est pas une condition pour développer une bigorexie ». D’ ailleurs  mentionne ce document : « Besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives, à long terme, sur la santé physique, psychologique et sociale. »
 
La bigorexie  est curable
 
Chez le psychologue, le premier objectif est d’affaiblir voire d’anéantir,  chez le malade,  cette force intérieure qui incite à faire et refaire  du sport.  Il s’agit de débarrasser le patient de cette ‘’voix intérieure’’ qui  a tendance à lui demander  de poursuivre ses activités physiques.  Selon  le professeur c’est, à la limite, une peur intérieure qui ne vous autorise pas d’arrêter.  A l’en croire,   c’est le même  procédé  que chez les  dépendants d’alcool, de tabac, d’antidouleurs. La bigorexie peut être prise en charge au plan médical. C’est une maladie curable. Selon l’Oms, les traitements visent à redonner une vraie place aux choses. La première dépendance se manifeste par ce désir de reproduire autant que possible, cet état de légèreté et de quiétude qui suit un effort. « L’activité (sportive) peut finir par occuper une place disproportionnée dans l’identité de la personne et générer des conflits entre le sport en question et d’autres aspects de la vie ». Aussi l’Organisation mondiale de la santé ( Oms)   s’attaque   à ces manifestations.
 
 Effets positifs de la bigorexie : une addiction de substitution
 
Dans une recherche encadrée par l’Organisation mondiale de la santé, l’addiction aux sports peut avoir des effets  positifs. Le professeur Ousmane  Ndiaye  confirme cette thèse.   Selon le psychosociologue, il  est possible  de combattre une addition  plus grave  par celle du sport. « Nombreux sont les  consommateurs de drogues par injections (Cdi) qui ont combattu cette addiction par le sport intensif.  C’est en effet un soutien performant dans la désintoxication » dit-il. « Ce n’est pas forcément évident, puisque tout le monde peut ressentir le plaisir de la libération d’endorphines, tout le monde apprécie d’augmenter son estime de soi, et personne ne peut affirmer être totalement comblée affectivement ni se sentir magnifiquement beau dans sa tête ou dans le regard des autres. La différence se fait au niveau du comportement dans la vie quotidienne », explique le rapport de l’Oms. Le document mentionne qu’au-delà de l’évidence, que le sport est bon pour la santé, la pratique intensive peut jouer le rôle d’un anesthésiant émotionnel et bloquer la résurgence d’importantes douleurs psychiques.
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