Foncier : le scandale qui rattrape le régime de Macky Sall

Sous le régime de Macky Sall, le foncier s’est imposé comme un levier privilégié d’enrichissement rapide et discret. Selon une enquête publiée par Yoor Yoor, plusieurs personnalités proches du pouvoir, avec la complicité de maires, gouverneurs, préfets, membres de la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales (CCOD), et de hauts fonctionnaires, ont détourné des terres publiques à leur profit dans des conditions opaques.
Parmi les figures citées : Farba Ngom, Tahirou Sarr, Macky Sall, et plus récemment, son fils Amadou Sall. Ce dernier, selon l’enquête, aurait été introduit dans le lucratif business du foncier sans profession déclarée. Il aurait profité du lotissement très controversé de la BOA pour obtenir plusieurs hectares de terrain, devenus ensuite une véritable manne financière. Grâce à un réseau de courtiers bien organisé, il revendait les parcelles et récupérait l’argent en liquide, échappant ainsi à tout contrôle fiscal. Des comptes bancaires de proches étaient également utilisés pour capter les virements, ensuite reversés à Amadou Sall.
Le nom de Mass Thiam, jeune courtier réputé, ressort avec insistance. Il aurait vendu à lui seul 67 parcelles entre 200 m² et 500 m² pour un montant total de 5,7 milliards FCFA. Circulant dans une luxueuse Mercedes G63 AMG, il incarne la nouvelle génération de spéculateurs fonciers millionnaires. De retour discret au Sénégal, il serait désormais ciblé par le Pool Judiciaire Financier (PJF), qui enquête avec la CENTIF sur les flux financiers suspects identifiés.
L’affaire du lotissement BOA s’inscrit dans un contexte plus large de pillage du foncier public. Yoor Yoor rappelle que sous Abdoulaye Wade déjà, des domaines publics, comme la zone pyrotechnique devenue la Cité Keur Gorgui, avaient été distribués à ses proches. Des lieux symboliques comme le CICES ou le Stade Léopold Sédar Senghor n’ont pas été épargnés.
À Ouakam, les plages publiques sont devenues inaccessibles, accaparées par de nouveaux propriétaires issus de ces pratiques. Des plaintes de collectifs citoyens sont actuellement examinées par la justice. Le scandale du foncier pourrait bien déclencher une vaste opération judiciaire, mettant à nu un système d’accaparement méthodique des ressources foncières publiques pour un enrichissement privé.