Gaz sénégalo-mauritanien : BP et Kosmos accusés de fraudes massives
Un rapport d’audit du cabinet Mazars, repris par Libération, révèle de graves irrégularités financières dans l’exploitation du champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie. BP et Kosmos Energy, principaux opérateurs du projet, sont accusés de manœuvres frauduleuses ayant potentiellement lésé l’État sénégalais.
Des irrégularités majeures
L’audit, qui couvre la période 2012-2021, identifie plusieurs entorses aux dispositions du Contrat de recherche et de partage de production (Crpp) :
- Coûts injustifiés : BP a déclaré des coûts récupérables incluant 1,8 million de dollars (1,1 milliard FCFA) initialement imputés à Timis Corporation, sans preuves comptables valables.
- Pièces justificatives insuffisantes : Kosmos Energy n’a pas fourni de documents probants pour justifier 171 987 dollars (120 millions FCFA) de dépenses.
- Refacturation illégitime : Des charges fiscales de 7,5 milliards FCFA liées à un sous-traitant ont été incluses dans les coûts pétroliers récupérables, en violation des exemptions fiscales accordées.
- Manipulation des devises : Des erreurs dans la conversion des devises ont entraîné un surplus de coût de 194 346 dollars (121 millions FCFA).
- Surévaluation des frais de siège : Une somme de 301 millions de dollars (187,4 milliards FCFA) aurait été indûment imputée aux coûts pétroliers.
Impacts sur l’État sénégalais
Les auditeurs estiment que ces pratiques pourraient entraîner un manque à gagner considérable pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne le partage des revenus issus de l’exploitation du gaz. Les montants rejetés ou suspectés de surévaluation atteignent des dizaines de milliards de FCFA, posant la question de la transparence et de la gouvernance dans ce projet stratégique.