Images exclusives de Kanilai : au cœur du palais de Jammeh, 4 ans après son départ

Ancien hameau perdu, situé à cheval entre le Sénégal et la Gambie, dans la région naturelle de la Casamance, le village de Kanilai a été érigé en une véritable ville moderne sous l’ère Jammeh : bitume, éclairage public, hôtels, banques et cerise sur le gâteau, un palais présidentiel, y sont sortis de terres sous le magistère de l’enfant prodigue de la localité.

Plus de 4 ans après le départ précipité de l’ex-autocrate, qu’est devenue la cité ? Mise sous scellée, le palais de Jammeh se languit de son absence. Ses biens personnels les plus intimes se dégradent inexorablement. Alors que les habitants sont plus nostalgiques que jamais-en témoignent les inscriptions murales visibles un peu partout dans la ville-, plusieurs chantiers entamés sont à l’arrêt.
Le zoo, autrefois bien entretenu, est déglingué et est à quasi l’abandon. Les animaux mal nourris périssent petit à petit sous l’œil impuissant des habitants.

EMEDIA a suivi une équipe de la Commission de réconciliation qui enquête depuis deux ans sur les abus commis sous l’ancien dictateur. Reportage grand format.
Accompagné de deux anciens proches et un membre de la famille de l’ancien président, la porte du plais de Jammeh s’ouvre devant nos yeux incrédules. C’est la tombée de la nuit. Les fidèles accomplissent la prière du crépuscule dans la moquée personnelle du président dans le palais. Nous franchissons le seuil de la résidence personnelle de Jammeh. Une odeur de moisissure accueille le visiteur.

Une pile de documents sens dessus dessous
Une photo majestueuse de l’ex-première dame trône sur flanc gauche du salon. A côté, la salle à manger, des meubles d’une rare valeur. Cà et là, la peinture est écaillée, voire rongée par l’humidité et le manque d’aération. Il fait sombre. Il n’y a plus d’électricité dans la résidence.

Nous prenons les escaliers pour pénétrer dans l’appartement privé du président au premier étage. Plusieurs suites. Le point d’orgue : l’antre de l’ex-dictateur : dont son lit personnel. Une spacieuse chambre dominée par un lit douillet posé au milieu. Oreillers, valises, registres personnels, livres, photos sont posés sens dessus dessous.

Au bout d’une dizaine de minutes d’inquisition -caméra et portables à l’appui-, des militaires munis de leurs armes nous somment de sortir. Depuis le départ de celui qui a régné d’une main de fer sur le pays, c’est la première fois qu’une équipe de journalistes pénètre dans cette demeure, l’objet de tous les fantasmes. À sa sortie, le président de l’association nationale des victimes du régime de Jammeh a un sentiment mêlé de stupéfaction et de dégoût.

Sentiments mêlés chez les visiteurs
« Je n’en crois pas mes yeux ! Tout ce que je viens de découvrir… s’étonne Sheriff Kijera. Mais ce n’est qu’une preuve des conclusions de la Commission qui a enquêté sur les crimes économiques.

Avec son salaire de président, on voit mal comment il pouvait vivre dans un tel luxe. Je n’en reviens pas. Pour lui, ces biens sont devenus publics et par conséquent ils doivent être bien conservés. Tout comme le zoo personnel installé sur les lieux pour le plaisir de l’ex dictateur.
D’après les agents des eaux et forêts, la population animale y est en baisse mais environ 250 Caïmans et crocodiles importés d’Afrique du Sud y vivent encore. Cet endroit est l’objet de tous les fantasmes en ce sens que des récits indiquent que des opposants y étaient jetés pour servir de pitance aux carnivores.

« Le gouvernement actuel ne doit pas laisser la résidence et les biens de l’ancien président se dégrader, soupire-t-il. C’est un gâchis. Les animaux du zoo aussi sont en train d’être décimés. »

À l’en croire, le lieu fait partie désormais de l’histoire du pays et pourrait rapporter de l’argent pour devenir un patrimoine national et une attraction touristique.

Dans le couloir d’entrée, une pile de documents entassés dans des cartons…Des exemplaires du coran, un fauteuil de massage dans un décor poussiéreux. Nous pénétrons dans le salon du président. Sur la centaine d’objets posés en vrac, une dizaine de photos et de portraits du président et sa progéniture placardée sur le mur.

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