Laurent Leclerc, directeur d’Auchan Afrique« Les relations avec les nouvelles autorités se passent très bien »,

Au Sénégal, Auchan a souvent été au cœur des débats : symbole de la France pour certains, menace pour le petit commerce pour d’autres. Les manifestations contre ses magasins, notamment lors des émeutes de 2021, ont marqué les esprits. Pourtant, aujourd’hui, le géant de la distribution s’est imposé comme un acteur clé, en grande partie grâce à des relations apaisées avec les nouvelles autorités. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique le 28 mars, Laurent Leclerc, directeur d’Auchan Afrique, revient sur cette transformation.
« Les relations avec les nouvelles autorités se passent très bien », assure-t-il. Un exemple concret illustre ce rapprochement : avant les élections, un magasin a ouvert à Ziguinchor, fief d’Ousmane Sonko, alors maire et désormais Premier ministre. « Il nous a reçus et a approuvé notre projet », précise Leclerc. Ce feu vert, donné par une figure influente du nouveau pouvoir, témoigne d’une coopération pragmatique, loin des tensions passées où Auchan était perçu comme un envahisseur.
Ces tensions, le groupe les a surmontées en s’intégrant au tissu local. « En 2021, les émeutes visaient les intérêts français, pas spécifiquement Auchan. Orange et Total en ont aussi souffert », relativise Leclerc. Depuis, la marque a gagné ses galons : « Aujourd’hui, Auchan est emblématique et ancrée dans la vie des Sénégalais. » Près de 50 % de son chiffre d’affaires provient de l’approvisionnement local, un atout qui soutient l’économie nationale.
Auchan a aussi investi des quartiers populaires comme Guédiawaye ou Keur Massar, délaissés par les concurrents. « Plus d’un tiers de nos magasins sont hors du centre de Dakar, et ils fonctionnent très bien », note Leclerc. En structurant une filière logistique – stockage, livraison –, le groupe a répondu à des besoins criants. « Nous avons apporté des services inédits et organisé des secteurs balbutiants », ajoute-t-il.
Si Auchan a pu « déranger » importateurs et commerçants locaux, son alliance avec les autorités et son ancrage économique ont transformé la polémique en succès. Une leçon d’adaptation pour d’autres multinationales en Afrique.