Législatives : des militants révèlent des gains quotidiens de 100 000 FCFA
La campagne électorale qui bat son plein offre de nouvelles opportunités aux conducteurs de motos Jakarta. En effet, beaucoup d’entre eux sont sollicités par des candidats pour leurs caravanes et meetings, moyennant de fortes sommes d’argent.
Devant une caravane qui longe la Voie de Dégagement du Nord (VDN) vers le CICES, des dizaines de conducteurs de motos Jakarta jouent aux acrobaties avec leurs engins sur le goudron. Ils mettent en avant la vitesse, foncent sur quelques mètres, puis font des arrêts brusques sur la chaussée sous le regard des passants. Pour le spectacle, ces conducteurs jouent sur l’accélérateur de l’engin et le klaxon pour attirer l’attention des riverains, tandis que des habitants, sur leurs balcons, ne se gênent pas pour regarder la scène. Derrière ce spectacle, une sonorisation distille un tube pour galvaniser les militants d’un candidat aux prochaines législatives. Des cris, des bruits de vuvuzelas et des sifflets résonnent partout. Cette campagne pour les élections législatives du 17 novembre prochain profite bien aux conducteurs de motos Jakarta.
Auparavant sollicités par les populations pour le transport intra-urbain ou pour des livraisons de colis à domicile, beaucoup d’entre eux se sont engouffrés dans les caravanes des responsables politiques pour assurer l’ambiance lors de leurs déplacements à Dakar. Un service que ces taxis-motos assurent moyennant une somme conséquente. « Il y a tellement de conducteurs de motos Jakarta à Dakar, il est devenu très difficile de gagner quelque chose. Et cette campagne est notre chance. En un seul jour, je peux accompagner deux à trois candidats. Pour la journée, certains proposent 10 000, d’autres 15 000 francs CFA. Le carburant aussi, c’est à leur charge. On ne se plaint pas, nous gagnons bien dans ce travail. » Toutefois, ce dernier regrette le fait que la campagne ne dure que 21 jours. Pour lui, elle devrait durer beaucoup plus longtemps, car elle constitue, dit-il, une source de revenus plus conséquente que d’ordinaire. « Au Sénégal, on devrait organiser des élections chaque année. Cela serait une aubaine pour nous les conducteurs de motos. Durant ces périodes, on ne se plaint pas », lance un autre jeune Jakartaman d’un ton plaisantin.
« On peut gagner jusqu’à 100 000 CFA par jour »
Il faut dire que cette campagne ne profite pas seulement aux conducteurs de Jakarta. En effet, à côté, presque aucune manifestation politique ne se tient dans les quartiers sans la présence des joueurs d’Assiko et autres bongoman, très doués pour faire passer des messages et galvaniser les militants. Le jeune Modou Ndiaye et ses camarades, tous joueurs d’Assiko, ne chôment pas durant cette campagne électorale. Engagés par certains responsables de partis politiques, ces batteurs de tam-tam assurent l’ambiance lors des déplacements des candidats dans les quartiers de Dakar et les meetings. Un business qui marche bien, à en croire Modou Ndiaye, qui fait office de chef dans son groupe. « La campagne électorale est un fonds de commerce pour nous. J’avoue que nous gagnons beaucoup d’argent. Pour une seule prestation, on peut gagner de 80 000 à 100 000 francs CFA. Et parfois cela dépend même du candidat. Certains n’hésitent pas à rallonger si vous faites bien leurs éloges », déclare Modou Ndiaye. Ils précisent que, pour leur groupe, ils n’ont pas de candidat préféré. Ils essaient toujours de suivre le plus généreux.