Majorité de Yewwi-Wallu aux Législatives : Sonko, la bonne étoile

Arrivé troisième à l’élection présidentielle du 24 février 2019, Ousmane Sonko, président du Pastef, se projette sur 2024. Les Législatives de ce dimanche 31 juillet 2022 et la campagne qu’il y a menée pourraient lui permettre de consolider son leadership au sein de l’opposition sénégalaise. Mais aussi, sa posture de candidat crédible à la Présidentielle de 2024.
Il s’est révélé bien plus mordant. Plus rassurant ou davantage inquiétant. C’est selon le bord politique où l’on se trouve. Partout, le député-maire de la commune de Ziguinchor, Ousmane Sonko, a fait se lever les foules. Malgré le rejet par le conseil Constitutionnel de la liste titulaire pour le scrutin proportionnel dont il était le meneur, Ousmane Sonko s’est rendu dans plusieurs recoins du pays afin d’inciter l’électorat à voter la liste de Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal aux élections législatives de ce dimanche 31 juillet 2022.

En soutien de taille aux différents candidats de l’inter coalition Yewwi-Wallu Sénégal, il a battu campagne dans le but de faire imposer au régime de Macky Sall une majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Dans leur communication, Sonko et son équipe ont réussi à cristalliser le débat des Législatives autour de la question du troisième mandat présidentiel. Une équation sur laquelle le chef de l’Etat, Macky Sall, maintient encore le flou. L’opposition, de son côté, veut contraindre le président à renoncer à toute velléité de candidature pour la prochaine présidentielle. « Si Macky Sall perd les législatives, il ne parlera plus de troisième mandat », assure Ousmane Sonko.

Pour bon nombre d’observateurs, ces élections législatives se présentent comme une présidentielle anticipée aussi du côté du pouvoir comme chez l’opposition. En sillonnant le pays, le président de Pastef serait donc, d’après eux, en train de tester sa popularité nationale en vue de l’élection présidentielle de 2024.

« Révélateur de ce qui se construit depuis 2019 »
Pour Alassane Ndao, docteur en sociologie politique à l’Université Gaston Berger (Ugb), c’est une continuité du travail enclenché depuis bien des années. « On pourrait analyser sa campagne pour ces Législatives comme étant révélatrice de ce qui se construit depuis 2019. C’est une continuité. Sa popularité n’a jamais cessé de croître, quelles que soient les difficultés auxquelles il a pu être confronté et ses écarts de langage. Il est malgré tout très écouté et très aimé par une bonne partie de la jeunesse sénégalaise. Cette campagne lui permet de consolider son leadership au sein de l’opposition sénégalaise », dit-il.

Son ascension fulgurante doublée d’une majorité à l’Assemblée nationale et toutes les conséquences que cela engendrerait pour le pouvoir pourrait lui ouvrir une rocade en direction du Palais. Dr Ndao ne pense pas que cela sera aussi aisé. « Nous n’avons pas au Sénégal un régime politique où le parlement est très pondérant. C’est un régime qui a un caractère présidentialiste très marqué. Même si l’opposition, par le biais de Yewwi Askan Wi, acquiert une majorité, cela ne veut pas dire que l’Assemblée va être un tremplin pour l’opposition afin d’accéder facilement au pouvoir. Ce n’est pas toujours le cas, parce que c’est un régime très présidentialiste où la figure du président de la République est extrêmement importante. C’est le président de la République, en dernier lieu, qui détient les clés de l’exercice du Pouvoir et non le Parlement », dit-il.

Le politologue reconnaît toutefois qu’une cohabitation à l’Hémicycle peut être une arme que l’opposition pourrait utiliser pour bloquer, dans un premier temps, le camp du Pouvoir. De ce point de vue, il estime alors que la relation entre une majorité parlementaire de l’opposition et l’accès au Pouvoir de Ousmane Sonko n’est pas très évidente. Une majorité confortable ou pas à l’Assemblée nationale, le leader du Pastef est, présume Dr Alassane Ndao, un candidat crédible à la Présidentielle de 2024. Il en veut pour preuve son ascension fulgurante qui lui a permis d’être député en 2017 et troisième à l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec plus de 687 000 voix, soit 15,67 %, derrière le président sortant Macky Sall et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.

« Il s’y ajoute sa posture d’actuel chef de l’opposition. Ce sont tant d’éléments qui militent en sa faveur, au-delà d’une majorité. Même si l’opposition perd l’Assemblée nationale, cela ne changera pas, en réalité, la donne pour Sonko parce que tout dépend de la progression de l’opposition. Que l’opposition soit majoritaire ou pas, cela ne va pas changer la trajectoire de Sonko », ajoute-t-il.

De son avis, la seule chose qui pourrait obscurcir un peu sa trajectoire, c’est probablement ses démélées avec la justice liée à l’affaire Adji Sarr que le parti au pouvoir garde encore au chaud. Sinon, quelle que soit l’issue de ces élections parlementaires, le leader du Pastef est, toujours selon Alassane Ndao, sur une bonne lancée. « Il va être le challenger numéro 1 du parti au pouvoir ! »

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