Refus d’enterrer une griotte à Pout Dagné : La presse française s’empare de l’affaire… Honteux !

L’affaire de la griotte, dont des villageois de Pout-Dagné ont refusé l’enterrement sur fond de caste, connait une tournure internationale. En effet, le média Jeune Afrique s’est penché sur la question, stupéfaite par une telle mentalité.

« Au Sénégal, la fin de l’année a été agitée par une polémique sur la tentative d’inhumation d’une griotte dans un village de la région de Thiès. Friction entre tradition et modernité ou provocateurs mal intentionnés ?

Dans toute société, l’heure de l’amendement doit-il un jour sonner pour les traditions ? Faut-il, au contraire, craindre des malédictions, à trop bousculer les us et coutumes ?

Ces débats ne sont parfois que des prétextes à tensions entre communautés. Les usages ancestraux ont souvent bon dos lorsque y déroger rompt le fragile équilibre entre communautés. Depuis le 25 décembre, une affaire d’inhumation fait polémique, conduisant les défenseurs sénégalais des droits humains à mettre le doigt entre l’arbre des croyances et l’écorce des convictions contemporaines…

Région de Thiès. Commune de Notto-Diobass. Village de Pout-Diack. Hameau de Pout Dagné. Le jour de Noël, Khady Faye décède. Sa famille demande à ce qu’elle soit enterrée dans le cimetière de Pout-Diack, mais on lui répond qu’elle devrait chercher une concession ailleurs, au motif que la défunte appartenait à la caste des griots. Selon certains, une sépulture attirerait « le malheur » sur la localité.

Provocation ou discrimination ?

La vidéo virale d’une habitante ulcérée de Pout Dagné met le feu aux poudres. La parente en deuil y interpelle le président Macky Sall. Les langues s’enveniment. Rapidement, dénonçant une discrimination flagrante entre citoyens, plusieurs organisations de défense des droits humains s’en prennent au chef de village, qui refuserait l’autorisation d’inhumer. Le 28 décembre, Amnesty International Sénégal, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Africa Jom Center « exhortent les autorités religieuses, musulmanes et chrétiennes à continuer la sensibilisation en vue de l’éradication de la discrimination basée sur les castes et l’ascendance, qui est contraire aux préceptes prônés par ces religions et les lois de la République ».

Dans certains médias sénégalais, des voix dédouanent le chef et accusent à mots couverts une frange sectaire de la communauté des griots de tenter une provocation en refusant le principe informel qui aurait jusque-là garanti sa cohabitation apaisée avec, notamment, les Sérères. Pour certains, cette caste gagnerait à se satisfaire de son « propre » cimetière, présent à moins de 2 kilomètres des habitations de Pout Dagné.

Compromis

La gestion sociale doit-elle rester soumise au système de castes ? Le débat mérite d’être posé lorsque, selon des croyances résiduelles, certains citoyens sont « impurs » au seul motif de leur ascendance. Rappelant que le cas de la griotte décédée récemment n’est pas isolé – un fait similaire s’était déroulé en 2019 –, les organisations des droits humains appellent « les autorités étatiques compétentes à trouver sans délai une solution définitive à cette situation ». Et « que force reste à la loi ».

Une délégation du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique s’est déplacée à Pout-Diack et le sous-préfet, diplomate, promet de couper la poire en deux : fournir aux griots un site dans le village, mais spécifique. En attendant la « solution définitive », la défunte de Pout-Dagné a été inhumée à Kissane ».

avec Jeune Afrique

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