Sénégalais emprisonnés au Maroc : 150 jeunes accusés de délits majeurs
Selon Libération, plus de 150 jeunes Sénégalais sont emprisonnés au Maroc dans les prisons de Dakhla, Bouizakarne, Tan-Tan, Laâyoune et Essemara. Ils sont tous poursuivis pour des activités liées à la migration irrégulière. Désespérés, leurs parents sollicitent l’appui des autorités pour que ces fils du pays puissent bénéficier d’une libération.
Dans les trois grandes régions du Maroc, à savoir Dakhla-Oued Eddahab, Laâyoune-Sakia El Hamra et Guelmim-Oued Noun, plus de 150 jeunes Sénégalais, suspectés d’être des passeurs, sont actuellement emprisonnés, selon le consul général du Sénégal à Dakhla. Une situation qui inquiète les parents de ces jeunes, qui sollicitent l’appui des autorités sénégalaises afin qu’ils puissent être libérés.
À Thiallane, cinq jeunes sont en conflit avec la justice marocaine. « Je m’appelle Souleymane Thior et je vis à Thiallane, un village situé dans la commune de Bassoul. Depuis plus de deux mois, j’ai appris l’arrestation de mon fils, Ibrahima Thior. Depuis son arrestation, je ne l’ai entendu qu’une seule fois. Mon fils a été arrêté parce qu’il aurait été le capitaine de la pirogue. Nous sollicitons vraiment l’aide des autorités », a-t-il indiqué.
Dans cette même localité, El Hadji Idrissa Thior a informé que son neveu, Faback Sarr, a été arrêté depuis plus de trois mois au Maroc. « Mon neveu Faback a été arrêté au Maroc. Nous sommes dans une situation très difficile. Faback est détenu, et nous ne savons pas comment il vit cette situation. Nous sommes vraiment tristes », a-t-il ajouté.
Non loin du village de Thiallane se trouve celui de Siwo, où plusieurs jeunes sont également emprisonnés dans les prisons marocaines. Parmi eux, Lamine Senghor, fils d’Anssou Senghor, a signalé l’arrestation de son fils. « Depuis l’annonce de l’arrestation de mon fils, je ne peux plus travailler convenablement. Depuis deux mois, il a été arrêté au Maroc, et depuis lors, je n’ai eu aucune nouvelle. C’est un véritable drame pour un père. Nous ne pouvons rien faire à part prier et solliciter des prières. Ce que je demande actuellement à l’État du Sénégal, c’est de faire en sorte que tous ces détenus puissent être libérés ou transférés au Sénégal. Actuellement, nous n’avons pas les moyens de nous rendre au Maroc pour les assister », a déclaré Anssou Senghor.
Parmi les détenus, on compte aussi des femmes. El Hadji Thierno Dabo a confié : « J’habite à Thiès. Un membre de notre famille a été arrêté au Maroc. Elle s’appelle Maimouna Sana. Nous avons appris qu’elle a été arrêtée pour des faits liés à la migration irrégulière. C’est un choc pour toute la famille. Les autorités sénégalaises doivent faire quelque chose. Elles sont les seules à pouvoir nous aider sur cette question ».
À Foudioungne, de nombreux jeunes de cette localité sont également emprisonnés. Les parents de ces jeunes se sont d’ailleurs réunis en collectif. Mame Bineta Dia témoigne : « Mon fils, Alassane Diouf, est en prison au Maroc. Il est poursuivi pour une activité liée à la migration irrégulière. Il est là-bas avec ses demi-frères. Il y a beaucoup de jeunes de la localité qui sont actuellement en prison au Maroc. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre en place un collectif de parents dont les fils sont actuellement emprisonnés. Pour le moment, nous sommes plus de 25 membres. Nous avons commencé les réunions, et je vais prendre un avocat pour élargir mon fils de prison ».
Le ministre de la Justice avait, lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale en septembre 2024, annoncé qu’il mènerait des discussions avec son homologue marocain sur la question des détenus sénégalais au Maroc. Mais jusqu’à présent, aucune mesure concrète n’a été prise.
Interpellé par nos confrères Libération, le consul général du Sénégal à Dakhla a informé qu’il suit de près ce dossier. Babou Sène a indiqué avoir effectué des visites dans toutes les prisons marocaines en mars et septembre 2024. Une autre tournée est prévue en décembre 2024. Selon lui, l’État du Sénégal a offert des aides sociales à tous les détenus des prisons de Bouizakarne, Dakhla et Tan-Tan en 2024. De plus, plus de 80 % des détenus à la prison locale de Laâyoune ont également reçu des aides sociales. Ceux détenus à la prison d’Essemara devraient recevoir l’appui du gouvernement marocain en décembre 2024. Le consulat a aussi pris des mesures pour faciliter les contacts entre les détenus et leurs familles au Sénégal.