SNLCC : La Police, la Gendarmerie, la Santé et l’éducation sont les secteurs les plus touchés par la corruption. (Enquête OFNAC)

La journée du 15 Septembre a abrité le lancement du programme SNLCC dédié à « l’implication des acteurs du secteur privé et de la société civile à la lutte contre la corruption. Ledit programme spécialement structuré par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) sur la base d’une enquête, met en exergue des stratégies pour éradiquer le fléau de la corruption qui sévit encore au Sénégal dans à peu près tous les secteurs d’activités.

Dans un document administratif lu à Dakaractu, il apparaît qu’un certain nombre d’indicateurs a été mis au point par la Communauté internationale pour mesurer le niveau de corruption pays, les performances des gouvernements, la qualité des institutions et la perception des individus. Il faut toutefois préciser que ces indicateurs sont dispersés et n’ont pas souvent de liens entre eux. Malgré les progrès enregistrés, le Sénégal reste dans la zone rouge c’est-à-dire, parmi les pays où la corruption demeure préoccupante.

Selon le classement de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International (TI) ou IPC, le Sénégal reste encore dans la zone rouge malgré les efforts déployés en matière de renforcement de la transparence. Transparency International retient uniquement la corruption dans le secteur public et définit la corruption comme « l’abus d’une fonction publique à des fins d’enrichissement personnel ».
De 1998 à 2009, le meilleur classement du Sénégal se trouvait être le 52ème rang en 2000. À partir de 2012, le Sénégal a fait un bond qualitatif sur le classement IPC passant ainsi de la 94ème à la 67ème place mondiale en 2018 sur 180 pays (7ème en Afrique). Selon le rapport de 2018, le Sénégal est crédité de 45 points.

Selon l’Indice MO Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), le Sénégal est cité parmi les pays africains ayant connu une amélioration au cours des quatre dernières années (+4%). Le Sénégal est classé 10ème en 2018 parmi 54 pays en Afrique.

Au niveau national, l’OFNAC a commandité en 2016 une étude sur la perception et le coût de la corruption. L’étude a révélé que le phénomène est bien connu au Sénégal : 93% des Sénégalais affirment connaître une ou plusieurs pratiques de corruption. Il a été noté que 71,7% des sénégalais interrogés considèrent que les cas de corruption sont imputables à l’État et ses démembrements. Par ailleurs, seuls 53% des cas de corruption sont initiés par les citoyens à titre particulier.

L’étude a été réalisée avec un échantillon de 2.336 individus répartis dans sept (7) catégories de cibles que sont le Grand public, le secteur de l’Administration publique, le secteur privé, la Justice, l’Assemblée nationale, les Médias, la Société civile et les partenaires techniques et financiers.

Une évaluation réalisée par le consultant sur la base des résultats issus des questionnaires renseignés par les parties prenantes fait ressortir de l’enquête de perception que le secteur public est perçu comme celui où les cas de corruption sont les plus nombreux (93%). Pris séparement, les sous-secteurs du public les plus touchés sont la sécurité publique, constituée de la police et de la gendarmerie (95,9%), la santé (29,2%) et l’éducation (26,1%), la Douane (15,8%), les Impôts et Domaines (6,7%), les Mines (1,4%), l’Energie (1,4%) et la Défense (1,1%).

Concernant le secteur privé, c’est le sous-secteur de la santé qui se trouve être celui dans lequel les cas connus de corruption ont été les plus nombreux avec un taux de citation de 25,7%. Viennent ensuite les sous-secteurs de l’éducation (22,6%), de la banque et des assurances (22,6%), des médias (16%) et des prestations de services (10,9%)

Chez les professionnels, le document administratif nous renseigne que les domaines d’activités perçus comme étant les plus prolifiques en matière de corruption, sont le Transport / Contrôle routier (23,8%), l’Administration (19,7%), la passation des marchés et les achats (7,9%), les Finances, la Comptabilité et l’Audit (5,9%), les BTP (1,6%), le monde des affaires (1,5%), l’Agriculture (1%), le Commerce (0,5%) et le Sport (0,5%).

Par conséquent, les composantes de la société qui initient généralement la corruption sont les personnes riches et puissantes (26,2%), les fonctionnaires (19%), les acteurs politiques (11,9%), les acteurs du transport (5,2%), les agents du secteur privé (2,4%), les pauvres (1,4%), les acteurs du secteur informel (1,3%) et les usagers (1,3%).

Les acteurs du monde professionnel (secteurs public, privé et informel) les plus exposés à la corruption sont les agents financiers et les comptables (25%), les gestionnaires et les superviseurs (18,1%), les agents de contrôle et les enquêteurs (16,1%), les agents de la circulation (11,9%), les agents techniques (6,2%), la Santé (5,1%), la Justice (4,6%) et l’Education (3,1%).
Il a été également noté dans ce document que les composantes de la société les plus promptes à céder à la corruption sont principalement les fonctionnaires avec un taux de citation de 61,5% qui sont suivis des riches/puissants (de 8,1%), des usagers (4,8%).

D’après cette étude, les principales causes de la corruption sont dues au manque d’éthique pour 72,8% des personnes interrogées, à la faiblesse des salaires (27,2%), l’ignorance (18,7%), le manque de civisme (18,1%), le manque de transparence (9,1%), la mauvaise législation (5,2%) et la bureaucratie excessive (5%).

Bien que le dispositif juridique et institutionnel mis en place pour réduire le niveau de corruption du pays soit jugé globalement pertinent en matière de prévention, d’incrimination, de détection et de répression, l’évaluation des efforts déployés par le Sénégal en matière de lutte contre la corruption affiche une performance moyenne. Le pays est crédité d’un score de 2,7 sur une échelle de 512.

Concernant le recouvrement des avoirs, le pays a affiché une performance en matière de prévention et de détection des transferts. Cependant, les dispositions législatives contenues dans le code pénal (article 30 et suivants) ne sont pas conformes aux standards modernes et il n’existe pas encore un organe dédié exclusivement au recouvrement des avoirs. Cette évaluation a aussi révélé les efforts déployés en matière de coopération policière internationale, tandis que les initiatives en matière d’extradition, d’entraide judiciaire et de transfèrement sont jugées insuffisantes.

Dans le cadre de la gouvernance, les performances sont globalement moyennes avec des progrès constatés dans le dispositif institutionnel et organisationnel de la lutte contre la corruption. Toutefois, il est noté une insuffisance dans la coordination des interventions et la disponibilité des ressources humaines, matérielles et financières.

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