The Social Dilemma : Les réseaux sociaux passent à la barre d’accusation dans un documentaire Netflix

Le documentaire aux allures de film d’horreur aurait très bien pu s’appeler la face cachée des réseaux sociaux. The Social Dilemma en VO ou Derrière nos écrans de fumée pour les francophones, est un chef d’œuvre signé Netflix qui dénonce les graves dérives des réseaux sociaux.

Cette production Netflix est un vrai tacle à l’endroit des géants du web notamment Google, Instagram, Facebook et Cie. Le documentaire accuse en effet les réseaux sociaux d’être à l’origine de la propagation de fake news, sources de polarisation de débats politiques, et de manipulations entre autres. Pire, pour Derrière nos écrans de fumée, les réseaux sociaux font partie des principales causes de l’évolution exponentielle du taux de suicide chez les adolescents.

Le film lève ainsi le voile sur toutes les dérives des réseaux sociaux et n’y va pas de main morte. Si le côté obscur de ces réseaux n’a jamais été un secret pour les utilisateurs, les acteurs du documentaire semblent estimer que ces effets ne sont pas assez considérés à la hauteur de leur gravité. Nous rendre dangereusement dépendants, manipuler notre comportement, voilà autant de faits qui sont reprochés à l’accusé Social media.

« Quand c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit »

Cette citation vous est peut être familière. Il est probable que vous l’ayez déjà lue, entendue ou répétée vous-même plusieurs fois. Elle ne vous fait peut-être même plus aucun effet. Pourtant, c’est elle qui a été le fil conducteur de ce documentaire où les participants, visiblement inquiets, tentent de sensibiliser, d’inviter à une prise de conscience du danger tant minimisé.  

Le documentaire dure une heure et trente minutes. A première vue, il paraît terrifiant mais le qualificatif alarmant est le plus adapté pour le décrire. A tour de rôle, les intervenants montrent qu’en réalité « les réseaux sociaux ne sont pas gratuits », qu’il y a un prix à payer. Les géants du web commercialiseraient en effet nos données personnelles, notre intimité. Il s’agirait d’une forme de « capitalisme de surveillance » dans lequel les moindres faits et gestes de tous les utilisateurs sont enregistrés et offerts à des algorithmes. Ce qui permet ainsi à ces applications et leurs robots de nous influencer, d’impacter nos choix et de faire des prédictions sur nos actions futures, etc.

 

Un documentaire au format assez particulier

Nos écrans de fumée est présenté sous un format original. Le film met en avant une famille dans laquelle tous les membres sont accros à leur smartphone et par ricochet aux réseaux sociaux. Ils sont tellement dépendants de leurs écrans qu’ils communiquent à peine entre eux.

L’aîné de la famille, à force de regarder des vidéos recommandées sur Youtube, finit par succomber aux sirènes de l’extrême droite. Sa dépendance est représentée par un centre de contrôle géré par 3 individus qui épient jour et nuit ses moindres interactions sur le web. Ceux-ci n’ont qu’un seul objectif : le rendre à tout prix dépendant, et ce, par tous les moyens. Quant à la benjamine de la famille, elle est en proie à un problème d’estime de soi fortement alimenté par les commentaires négatifs qu’elle reçoit via les réseaux sociaux. C’est là que se situe la force du documentaire : avoir réussi à faire une mise en scène captivante, terrifiante afin de mettre en exergue la gravité du problème.

La course aux likes et followers a également un fort impact psychologique sur les utilisateurs des réseaux sociaux. Cette industrie est devenu si florissante que des sites comme supremeboost.com se sont spécialisés dans la vente de followers Instagram.

Le documentaire a un autre mérite. En effet, qui mieux que des personnes qui étaient à la tête de Facebook ou encore Google pour parler des dangers de ces plateformes web ? Le documentaire a connu la participation de Tristan Harris, expert informaticien et ex éthicien chez Google et de Chamath Palihapitiya, un des premiers cadres de supérieurs de Facebook. Ces experts ont expliqué ce en quoi consiste la « captologie », c’est-à-dire la manière dont un simple outil informatique peut devenir un outil d’influence de persuasion, une drogue. L’appel lancé par ce chef d’œuvre est clair : les réseaux sociaux sont devenus une véritable drogue dure qui manipule, influence le comportement et fait perdre du temps.

 Les réseaux sociaux mis à nus

Mal être, sentiment de solitude, causes de dépression chez les adolescents, seraient des dérives liées à une utilisation abusive des réseaux sociaux. Quand on sait la tournure tragique que peuvent prendre tous ces malaises psychologiques, le documentaire a de quoi faire réagir plus d’un. Cela devient encore plus alarmant lorsqu’il est soutenu que les chiffres liés aux suicides et à la dépression chez les adolescents ont triplé depuis l’avènement des médias sociaux.

Par ailleurs, The Social Dilemma explique que les concepteurs de ces plateformes sociales sont bien conscients de la dépendance engendrée par leurs créations. Mieux, à travers le documentaire, on comprend que tout a été pensé de façon à ce que l’utilisateur scrolle sans arrêt. Les notifications, le flux de publication rafraichi toutes les secondes, sont autant de facteurs mis en place pour captiver l’attention de l’internaute. Le but de cette manœuvre ? Le retenir le plus longtemps possible.  

Et lorsque le smartphone addict tombe dans le piège, c’est-à-dire lorsqu’il devient dépendant, il est plus facile pour les réseaux sociaux d’influencer ses actions, voire même sa façon de réfléchir. On peut lui vendre de la publicité basée sur ses préférences, l’inciter à surconsommer, etc. Pour soutenir ces idées, le documentaire se réfère au fil d’informations sur Facebook ou encore au moteur de recherche Google qui fait des suggestions de plus en plus personnalisées. En effet, ses réseaux pénètrent l’intimité même des utilisateurs afin de recueillir les données dont ils ont besoin pour mieux les manipuler, les influencer.

Facebook contre-attaque via un article de blog

Après avoir visionné ce documentaire, vous serez tenté de ne plus toucher à votre smartphone. L’envie vous prendra même de supprimer votre compte Instagram ainsi que tous vos autres réseaux sociaux. En effet, les plateformes social media y sont réduites en véritables diables du 21e siècle. Mais Facebook, largement pointé du doigt dans Derrière nos écrans de fumée, n’a pas tardé à réagir au sujet de ce documentaire qui semblent porter des accusations pas toutes à fait vraies.

 “Plutôt que d’offrir un regard nuancé sur la technologie, il donne une vision déformée du fonctionnement des plateformes de réseaux sociaux pour créer un bouc émissaire pratique pour des problèmes de société qui sont difficiles et complexes. Les créateurs du film n’incluent pas les points de vue de ceux qui travaillent actuellement dans les entreprises ou d’experts qui ont un point de vue différent du récit proposé par le film.” C’est ce qu’affirme la plateforme fondée par Mark Zuckerberg pour sa défense dans le billet de blog publié le 2 octobre 2020.

Facebook soulève par ailleurs un autre argument assez ironique. Le documentaire « Derrière nos écrans de fumée » fait une diatribe à l’endroit des réseaux sociaux et notamment de leurs algorithmes qui, soi-disant, manipulent les utilisateurs et affectent négativement leur comportement. La plateforme au logo bleu s’étonne alors du fait que le même documentaire soit promu sur Netflix, un site de streaming qui lui-même se base sur des algorithmes pour faire des suggestions à ses utilisateurs.

Comment les producteurs de The Social Dilemma expliquent-t-ils ce paradoxe intéressant soulevé par Facebook ? C’est la question à un milliard d’euros !

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