Tivaouane, Kaolack, Medina Gounass, Louga, Thienaba, Famille Omarienne… À La Découverte Des Bastions De La Tidjania Au Sénégal

Fondée au milieu du XVIIIe siècle à Fès (Maroc) par Cheikh Ahmed Tijane Chérif et introduite en Afrique de l’Ouest par d’El Hadj Omar Tall, la Tidjaniya, au Sénégal, est incarnée par de grandes familles religieuses, parmi lesquelles : la famille Sy de Tivaouane ; les «Niassènes» à Kaolack ; la famille omarienne ; Médina Gounass, Louga, Thiénaba, entre autres. A la découverte des différents bastions de la Tidjania, au Sénégal.

La famille Sy de Tivaouane

El Hadji Malick Sy dit «Maodo» (1855-1922) est considéré comme le continuateur de la Tijania au Sénégal. Erudit appartenant à l’école de jurisprudence malikite et à l’école de théologie ash’arite, il a largement contribué à diffuser au Sénégal et en Afrique noire la voie soufie. Durant son époque, il était considéré comme «le pilier» de cette bâtisse qu’est l’Islam au Sénégal. A son rappel à Dieu le 27 juin 1922, son oeuvre sera perpétuée par son fils Serigne Babacar Sy. Maodo a eu successivement comme Khalifes : El Hadj Mouhamadoul Mansour Sy,El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh,erigne Mouhamadoul Mansour Sy. Le Khalife général des Tidianes de la famille Sy de Tivaouane est, aujourd’hui, Serigne Mbaye Sy Mansour qui remplace Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine».

Les «Niassènes» de Kaolack

La branche des Niassènes est incarnée par El Hadj Abdoulaye Niass et ses descendants qui ont pris pour siège la ville de Kaolack, comme Cheikh Ibrahim Niass qui jouera un rôle majeur dans son rayonnement en dehors du Sénégal. Cette branche dite « niassène » ou Ibrahimiyya est considérée comme la plus dynamique et a des liens transnationaux forts avec de nombreux adeptes au Niger, au Ghana et dans le nord du Nigeria. Impossible de parler de la branche Niassène de la Tijaniyya sans s’intéresser à la biographie d’El Hadji Abdoulaye Niass, ce grand nom de la Tijâniyya. Après sa formation religieuse classique reçue auprès de son père, il séjournera dans plusieurs autres écoles du pays, dans le Saloum et les régions environnantes. Cheikh Abdoulaye Niass se distingue par ses innombrables visites dans les pays arabes et les grandes capitales religieuses. Il s’installe définitivement à Kaolack en 1911 où il construit une Zâwiya et dispense son enseignement à ses fidèles jusqu’à sa mort en 1922, la même année que Cheikh El Hadj Malick Sy de Tivaouane. La branche Tijâniyya qu’il dirigeait restera en contact permanent avec le Maroc par la voie des pèlerinages et des échanges intellectuels. Ces liens étroits ne seront jamais rompus et participent, encore aujourd’hui, de ce caractère spécifique qui fait des Niass un véritable pont entre l’Afrique noire et le monde arabe. Après la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass en 1922, ses successeurs et ses enfants ont poursuivi les relations avec le Maroc et surtout la ville de Fès et ses Muqaddams. Ils participèrent, de ce fait, au renforcement des relations entre tijânis sénégalais et marocains de manière générale. Médina Baye et la Zawiya de Kaolack ont beaucoup participé au rayonnement de la Tijaniyya dans le monde arabe, en Afrique anglophone et surtout aux Etats-Unis avec le travail colossal fait par le regretté Imam Assane Cissé qui, sa vie durant, était un véritable ambassadeur de la Tarîqa Tijaniyya, à travers le monde.

Famille omarienne

Photo d’illustration

La famille omarienne constitue une autre branche de la Tidianya, au Sénégal. Regroupée principalement au Nord du pays, dans les régions de Podor et de Matam, celle-ci est incarnée par les descendants d’El Hadj Omar Tall. C’est ce dernier qui, entre 1852 et jusqu’à sa mort en 1864, mena un jihad armé sur le territoire actuel du Mali et plus largement à travers toute l’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Ghana et jusqu’au Soudan. En somme, il introduisit la Tijaniyya en Afrique occidentale négro-africaine. Considéré comme toujours vivant par ses apôtres, il a disparu mystérieusement dans les falaises de Bandiagara au Mali, le 12 février 1864. Aujourd’hui, Thierno Bachir Tall (fils de Thierno Mountaga Daha Tall) est le Khalife de la famille omarienne. Il est décrit comme un «homme de paix, de dialogue, de tolérance et d’ouverture».

Les bastions religieux de Médina Gounass

Situés près de Kolda, dans l’Est du Sénégal, les bastions religieux de Médina Gounass constituent une autre branche de la Tidjania, avec comme précurseur Cheikh Mohamad Siradji Dini Bâ. Chaque année, un grand rassemblement religieux appelée Daaka (retraite spirituelle) a lieu dans la forêt de Médina Gounass. Son but est de nettoyer le coeur de l’attachement à ce monde de plaisirs matériels et d’amener le fidèle à se rappeler d’Allah, Tout-Puissant et Glorifié. La 76e édition a été célébrée au mois de mars dernier. Le Khalife général de Médina Gounass est, aujourd’hui, Thierno Amadou Tidiane Bâ.

Thiénaba

Situé dans le département de Thiès, Thiénaba est un haut lieu de la confrérie tidjane. Cette cité religieuse a été fondée en 1882 par le Cheikh Amary Ndack Seck (1831- 1894), l’un des chefs religieux et successeur de Cheikhou Ahmadou Bâ, fils de Limamoul Mahdiyou, Mouhamadou Hamé Bâ (de Wouro Mahdiyou) qui menèrent les mémorables djihads de 1869 au 11 février 1875 à Samba Sadio (de 1871- 1875 le marabout wolof s’engageait à côté des madiyankoobé). Le choix de ce site lui aurait été révélé par un signe lumineux. L’actuel Khalife général de Thiénaba se nomme Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Seck.

Famille Ndiéguène de Thiès

Installé à Thiès depuis 1885, El hadji Ahmadou Barro Ndiéguène est, de toute évidence, le fondateur de la famille religieuse Ndiéguène de Thiès. C’est, en effet, à cette date que le descendant de Médoune Ndiéguène, après avoir passé 20 ans de perfectionnement de son éducation religieuse à Rufisque , auprès de Serigne Birane Cissé, un grand érudit et Moukhadam de la confrérie tidiane originaire comme lui du Saloum, est venu s’installer dans le Jaxeen. Dans cette partie cayorienne mieux connu sous le nom de Thiès, l’homme de Dieu choisit le quartier de Nginth pour installer sa demeure. Il y créa un daara et construisit une mosquée pour se consacrer l’adoration du Tout- Puissant, avant de s’engager dans une mission d’islamisation des peuplades ceddo et sérères nones de la localité. C’est dans ce cadre qu’il rencontra le grand Cheikh et fondateur du Mouridisme, Ahmadou Bamba Mbacké qui, sur la route de l’exil, avait fait escale à Thiès au bureau du commandant de cercle d’alors. Le guide avait alors fini de se faire une réputation tant ses enseignements et son érudition avait fini de convaincre. Une aura croissant qui lui vaudra la posture de 1er Imam Ratib de Thiès. Après la disparition du père fondateur survenue en 1936, son premier Khalife fut Ahmadou Sakhir Ndiéguène. Aujourd’hui, sous la conduite de son petit-fils, Serigne Mounirou Ndiéguène, la famille religieuse Ndéguène est la plus grande et le plus ancien foyer religieux de la cité du rail. Ce lundi 19 novembre, à l’instar des autres foyers religieux du pays, la famille Ndiéguène de Thiès fêtera la 133ème édition de son gamou annuel célébrant la naissance du prophète Mouhamed (Psl).

 Famille Abass Sall de Louga

Guide et un chef religieux sénégalais, qui vécut à Louga, Abdoullahi Ibn Abass Sall (1909-1990) ou El Hadji Abass Sall consacra toute sa vie à la propagation de l’Islam et de la tijaniyya. De son vrai nom Abdallah Ibn Abbas, il est plus connu sous l’appellation de Serigne Abbas, fils du grand érudit Mayoro Sall, descendant de la grande noblesse toucouleur et de Sokhna Fatimata Wade. Il naquit en 1909 à NGuick, village situé à 4 km de Sakal dans la région de Louga. Ses humanités coraniques achevées, le jeune Abbas s’est abreuvé à toutes les sciences islamiques de la région du N’Djambour et à Saint- Louis. Par la suite, il s’est intéressé à l’enseignement et a été agriculteur de profession. En ce qui concerne l’éducation de ses disciples, il s’y consacrera avec dévotion. Le maître spirituel Cheikhana Abass Sall, est considéré comme l’un des grands khalif du Shaykh Ahmad At Tijânî. Il est rappelé à Dieu en juillet 1990 le jour d’Arafat, dans sa maison où se trouve son mausolée, aujourd’hui très visité. L’actuel khalife de la famille Abass Sall de Louga est Khalife Serigne Mansour Sall.

 Famille Haïdara de Daroul Khaïry en Casamance

Quand on part en Casamance, on est étonné de voir des noms de ville comme Darou Salam, Darou Khayri, Mahmoudan… Ces dénominations propres à la famille de Cheikhna Cheikh Mouhammed Vadal, sont retrouvées dans ces contrées lointaines qui ont eu la chance de recevoir la lumière des Ahloul Bayt. Cette œuvre grandiose menée par Cheikh Mahfoudh et sa famille a valu à ce Cherif la dénomination de Cheikh de Binako. Cette ville qui était le centre du fétichisme de la région du sud. A la mort du Saint homme, son fils ainé Cheikh Mouhamed Fadel devint son Khalife. Il fonda la ville de Mahmoudan. Cheikh Mouhamed Fadel vivait entre Binako, Darou Salam et Mahmoudan. Il est décédé en 1930. Il sera remplacé successivement par son frère Cheikh Abba (1930- 1947), puis Cheikh Hattab (1947- 1977), Cheikh Chamsidin (1977-1990), Mouhidin Ibn Arabi (1990-2000). Chaque année ce sont des centaines de milliers de disciples venant un peu partout dans le monde qui se donnent rendez- vous à Darou Salam Cherif pour la Ziara annuelle organisée à l’honneur de ce Cherif qui a sauvé les peuples du sud en les faisant sortir de l’obscurantisme pour les plonger dans la lumière du Zikr.

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