Visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice guinéenne : Sékou Koundouno doit-il mettre un trait sur le Sénégal ?

Au lendemain de la présidentielle d’octobre 2020, Sékou Koundouno a quitté la Guinée Conakry. Ce responsable du Front national de défense de la Constitution (FNDC) était dans le viseur des autorités guinéennes pour son activisme contre la troisième candidature d’Alpha Condé qui est finalement passée. Mais Conakry a décidé de ne pas lâcher l’affaire. Un mandat d’arrêt international est lancé contre Sékou Koundouno par le Doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance de Dixinn. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs, incendie volontaire, trouble à l’État par le massacre, dévastation ou pillage, participation à un mouvement insurrectionnel et menace par le biais d’un système informatique.

La mesure visant l’opposant guinéen est émis depuis mai, mais n’a été rendue publique que ce mercredi 25 août. Ce qui ne laisse pas de marbre les avocats de Sékou Koundouno. « Le mandat d’arrêt international établi contre Monsieur Sékou Koundouno, dépourvu du moindre fondement, s’apparente comme à un nouvel épisode caricatural de la fuite en avant de ce régime despotique et d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques », commentent Mes William Bourdon et Vincent Bringarth.

Mais s’arrêter un peu sur le contexte de l’ébruitement du mandat d’arrêt international ne serait pas sans intérêt. Il intervient quelques mois après la signature d’un mémorandum entre le Sénégal et la Guinée Conakry en vue de la réouverture des frontières. Elles sont fermées depuis septembre 2020 sur décision unilatérale du président Condé.

Dans cet accord, un point insiste sur la « non utilisation du territoire de l’une des parties contre les intérêts de l’autre ». D’aucuns estiment que Alpha Condé cherche à régler le problème des opposants guinéens qui, depuis Dakar, tirent à boulets rouges sur son régime. Le président guinéen a lui-même dénoncé l’utilisation du territoire sénégalais par ceux qu’il appelle les « comploteurs contre la Guinée ». Or, en ce moment, Sékou Koundouno séjournait au Sénégal. Quand il s’est enfui de la Guinée, le responsable de la Planification du FNDC s’est installé au « Pays de la Téranga » avant d’être rejoint par son camarade Ibrahima Diallo, chargé des opérations de la même organisation.

Mais compte tenu des obligations pour les autorités sénégalaises de respecter les termes de l’accord de juin dernier même s’ils ne sont pas encore en vigueur, Sékou Koundouno peut-il, pour ce qui le concerne, rentrer au Sénégal et y poursuivre ses activités après ce mandat d’arrêt international ? Risque-t-il d’être arrêté et envoyé en Guinée Conakry une fois qu’il aura foulé le sol sénégalais ? Dakar serait très mal à l’aise vis-à-vis de Conakry et fragiliserait les efforts faits depuis des mois pour un dégel en agissant dans le sens contraire. Koundouno qui séjourne actuellement en Europe ne devrait pas l’ignorer d’autant qu’il ne serait pas le premier guinéen à être livré par le Sénégal à son pays. En décembre 2016, Aboubakar Toumba Diakité a été appréhendé à Dakar et extradé vers la Guinée…

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