Attaques Tous Azimuts : Khalifa Sall, Le "leadership Du Silence" Passé Au Scanner

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Attaques tous azimuts : Khalifa Sall, le “leadership du silence” passé au scanner
L’ancien maire de Dakar a choisi de ne pas répondre à ses détracteurs politiques face aux remous qui secouent sa coalition dans le cadre des législatives. Comment comprendre une telle posture ? Éléments de réponse avec Seybani Sougou et Ibrahima Bakhoum interrogés par le quotidien Le Témoin.

Les remous qui secouent la coalition  Yewwi Askan Wi (YAW), suite aux investitures pour les législatives, sont loin d’être une surprise puisque beaucoup d’observateurs politiques s’y attendaient.

Ce qui a surpris, en revanche, ce sont les attaques pernicieuses et irresponsables dirigées contre la figure morale de cette coalition, Khalifa Sall. Des attaques auxquelles l’ancien maire de Dakar a répondu par le silence.

En effet, les coalitions politiques manquent souvent de sincérité. Certains leaders, se croyant dotés d’une intelligence supérieure, adoptent des démarches et méthodes très complexes.

Refusant d’assumer leurs erreurs ou leurs imperfections, ils sautent sur la première opportunité pour dénigrer un compagnon politique.

À preuve par l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Étant d’une autre génération de politiciens et sorti de l’école des socialistes, il a été la cible de ses propres compagnons de Yewwi Askan Wi.

Ces derniers ont profité d’erreurs commises dans la confection des listes de la coalition pour s’attaquer violemment à lui.

En réalité, le fait de figurer dans des positions difficilement éligibles sur la liste nationale de YAW les a fait disjoncter et ils ont fait de Khalifa Sall leur bouc émissaire. Ils ont profit surtout des erreurs matérielles commises sur la liste départementale de Dakar de cette coalition de l’opposition pour régler leurs comptes avec celui qui est considéré comme la figure tutélaire de leur coalition.

Très prolixes et vindicatifs, certains parmi eux sont allés jusqu’à l’accuser d’être de mauvaise foi. Malgré tout, Khalifa Sall est resté serein, gardant son calme légendaire.

Probablement, il a tiré sa force de caractère de l’adage qui dit : « si la parole est d’argent, le silence c’est d’or ». Avec le temps, la patience et le caractère de Khalifa Sall ont été payants.

Puisque, les réactions venues de personnes neutres ou apolitiques, qui se sont érigées en boucliers pour lui, semblent conforter la posture de l’ex-député maire de la capitale radié de ses fonctions suite à l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar.

L’égoïsme politique de certains leaders politique, à la recherche d’une planque sûre, est apparu en plein midi au sein de la force politique la plus représentative de l’opposition.

Des observateurs politiques, face aux virulentes attaques contre Khalifa Ababacar Sall, suite aux investitures pour les prochaines législatives, déplorent une certaine lâcheté et une volonté manifeste de détruire un homme.

D’après eux, toutes les coalitions ont enregistré des frustrés Mais la bonne gestion en interne leur a permis de se sauver d’une implosion.

Hélas, pour ce qui est de Yewwi Askan Wi, certains leaders, estimant que leur avenir est hypothéqué ou compromis du fait de leur mauvais positionnement sur la liste nationale de cette coalition, ont tôt crié sur Khalifa Sall qui a essuyé des tirs groupés et reçu des menaces venant de tous les sens.

Fort heureusement pour l’ancien maire, l’éclairage ou le recadrage d’Ousmane Sonko, balayant d’un revers de main toutes les fausses accusations portées contre son «doyen», sont tombés pour certains d’entre les détracteurs de Khalifa Sall comme un couperet.

Pourtant, le plus impressionnant a été l’attitude de Khalifa Sall face à cette «guéguerre» politiquement incorrecte. «Dieu est avec les endurants», enseigne le Saint Coran. Ousmane Sonko, en conférence de presse, a soutenu que tout ce procès fait contre Khalifa Sall est faux.

«Il n’y a aucun complot, encore moins une quelconque implication de la majorité présidentielle pour saboter la liste de Yewwi de Dakar. Khalifa Sall a tardé à prendre même une décision en voulant recueillir l’accord de Barthélémy Diaz. Ce dernier tenait à préserver son équipe», a recadré le leader de Pastef.

Sa sortie a certainement rabattu le caquet à certains leaders protestataires de YAW. En tout cas, Ousmane Sonko a réussi à démontrer qu’il n’y a aucunement une présumée volonté de Khalifa Sall de privilégier ses proches au détriment de Barthélémy Dias, l’actuel maire de Dakar.

Seybani Sougou : «La stratégie de Khalifa Sall est aux antipodes de la confrontation»

Très connu pour ses sorties virulentes contre les complots et manigances venant du régime ou de ses proches, Seybani Sougou rappelle qu’en 2009, au moment où le Parti Socialiste était dans les abysses (au fond du trou), Khalifa Sall avait su trouver les mots justes pour convaincre les Dakarois de l’élire maire de la capitale, démontrant qu’il était mieux à même de répondre à leurs préoccupations.

«Khalifa Sall est un homme de consensus. Sa stratégie et sa définition de la politique sont aux antipodes de la confrontation. Cette posture d’équilibriste lui joue de mauvais tours, au point que ses détracteurs pointent chez lui une forme d’indécision ou de capacité d’entraînement. La politique est hélas un « monde de loups » et Khalifa Sall l’a appris après les épreuves de la caisse d’avance de la Ville de Dakar qui l’ont durement éprouvé. Récemment, il s’est attiré les foudres de ses détracteurs suite aux polémiques nées de la liste départementale de Yewwi Askan Wi à Dakar. Il a agi en homme d’État, refusant d’entretenir la polémique, ce qui aurait pu créer les germes de l’implosion de l’opposition», argumente M. Sougou.

C’est pourquoi, conseille-t-il, Khalifa Sall doit continuer à tracer son sillon, assumer ses convictions et faire preuve de lucidité car le chemin qui mène au sommet de l’État est parsemé d’embuches et de trahisons. Et peut-être même que si les listes proposées par Khalifa Sall n’avaient pas été retouchées à des fins politiques, Yewwi n’en serait pas à ce stade…

Ibrahima Bakhoum : «Cette attitude de Khalifa Sall peut être de l’altruisme adopté»

«Actuellement Khalifa est rassasié. Il se dit qu’il a l’expérience politique. Mais il sait qu’il y a de nouveaux jeunes qui peuvent mener ce combat à sa place. Et lui, il peut être le mentor, celui qui conseille et qui ouvre les portes. Mais on n’ouvre pas de manière légère certaines portes. On les ouvre avec une certaine souplesse, avec une certaine dextérité. Maintenant, c’est lui qui s’occupe de ça. Aujourd’hui, si on dit qu’il reçoit des coups et qu’il n’en donne pas, ça peut être stratégique comme par exemple le cas de Madiambal Diagne qui disait à Mody Niang : « tant que c’est toi, ce n’est pas grave. Mais le jour où Ousmane Sonko prononcera mon nom, il le regrettera », confie en introduction le vétéran de la presse Ibrahima Bakhoum.

D’après lui, ce silence de Khalifa Sall peut être une stratégie parmi d’autres. Toutefois, estime-t-il, Khalifa doit réagir comme un leader, un chef de famille qui protège ses équipes, ses hommes, en prenant la défense des autres.

«Je parle avec une certaine hauteur et ça risque pas de faire un effet boomerang. Cette attitude peut être de l’altruisme qu’il adopte. Depuis qu’il a été élu maire de Dakar, ça donne une autre dimension. Il a muri avec le temps et il a perdu le pouvoir. Maintenant, il sait ce que ça veut dire. Et, il sait que l’arrogance peut se retourner contre lui. Donc, il a dû faire cette lecture de son expérience pour être ce Khalifa qu’on voit aujourd’hui», analyse le politologue Ibrahima Bakhoum.

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