Entre tradition et modernité: Les salons de coiffure de Touba face à un dilemme

Dans la cité religieuse de Touba, le marché 28 révèle un changement majeur au sein de ses salons de coiffure. Conformément aux “diguel” (recommandations) émises par le Khalife de la communauté, certaines pratiques esthétiques telles que les extensions de cils, la pose d’ongles artificiels et les mèches de cheveux sont désormais interdites. Cette nouvelle directive a entraîné une baisse drastique de la clientèle, impactant directement les revenus des coiffeuses locales.

Mame, propriétaire d’un salon au marché 28, partage ses inquiétudes. “Les clientes se font rares en raison de la peur de contrevenir aux règles établies par le Khalife. Même si cela rend les affaires difficiles, nous avons le devoir de respecter ces consignes,” confie-t-elle.

La situation est particulièrement critique cette année, pendant la période du Magal, un événement religieux durant lequel les salons connaissent habituellement une hausse de fréquentation et de revenus. “Avant, nous pouvions acheter des bœufs et subvenir aux besoins de nos familles grâce aux gains générés pendant cette période. Ce n’est plus le cas,” se désole une autre gérante de salon.

La présence des Baye Fall, les enforcers de la communauté, complique davantage la situation. “Ils sont armés de gourdins et leur approche nous effraie. Auparavant, nous trouvions des moyens de continuer à travailler, mais leur intervention a rendu les choses plus compliquées,” ajoute-t-elle.

Le climat de peur engendré par ces mesures et leur application stricte par les Baye Fall pose des questions sur le bien-être économique des gérantes de salon, tout en mettant en lumière les tensions entre tradition religieuse et moyens de subsistance modernes.

Alors que la communauté continue de naviguer entre respect des directives religieuses et impératifs économiques, le marché 28 de Touba demeure un microcosme illustrant les défis complexes que rencontre la ville.