« FAKE NEWS ET DÉSINFORMATION COMME MENACE POUR L’ETAT DE DROIT ? »

Discours d’ouverture du Directeur du « Programme pour la Promotion de l’Etat de droit en Afrique subsaharienne » de la Fondation Konrad Adenauer, Monsieur Ingo Badoreck

Monsieur le Président, Directeur Général de LABEL MEDIA PLUS SAUSU ;
Monsieur le Président de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal ;
Mesdames et Messieurs membres des organisations internationales et nationales ;
Mesdames et Messieurs, chers professionnels des médias ;
Chers participants à vos rangs, titres et grades ;
J’ai une très grande joie de prendre la parole devant cette importante audience pour la cérémonie d’ouverture de notre cocktail-débat portant sur « Fake news et désinformation comme menace pour l’Etat de droit ? » avec une communication spécifique portant sur « Etat de droit dans un contexte politique conflictuel : entre réalité et désinformation ».
Tout d’abord je voudrai remercier le Président de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) et l’ensemble de son équipe pour l’important travail abattu. La Convention des Jeunes Reporters du Sénégal n’a ménagé aucun effort pour la bonne réussite de l’activité. J’associe à mes remerciement Monsieur Silla qui a accepté de venir nous entretenir de ce sujet qui est d’actualité au Sénégal, mais également dans tous les pays du monde. Mes remerciements vont également à l’ensemble des participants qui ont effectué le déplacement pour assister à l’activité.
Mesdames et Messieurs, chers participants,
Notre programme pour la Promotion de l’Etat de droit de la Fondation Konrad Adenauer a pour mission principale de renforcer l’État de droit dans les pays d’Afrique subsaharienne. Notre rôle est de faciliter l’organisation et le financement de colloques, de séminaires de formations et de publications sur les sujets liés à la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance. Nous visons également à créer des plateformes et réseaux d’échanges d’idées, d’expériences et d’expertise sur des questions qui touchent nos différents domaines d’intervention.
Considérée comme le « quatrième pouvoir » dans l’arsenal institutionnel, la presse occupe une place importante dans la promotion de l’Etat de droit, raison pour laquelle nous nous associons avec vous pour la tenue de cette activité.
« Le journalisme c’est voir, savoir, savoir-faire et faire savoir » selon l’écrivain français Gaston Leroux. Partant de cette affirmation, la nécessité d’une formation pour l’exercice du métier de journalisme semble être une nécessité. A l’image d’autres métiers, ce dernier a des règles qui le régissent. Nonobstant l’existence de ces règles, des lois et règlements garantissent la liberté de pensées et d’opinion matérialisée par la liberté de la presse.
Le pluralisme médiatique noté au Sénégal vers la fin du 20éme siècle a beaucoup contribué à l’émergence d’une opinion plurielle. La naissance de groupes de médias privés a permis aux différentes couches de s’exprimer, surtout sur les idées politiques qui jadis n’avaient pas toujours de canaux de transmission. Selon certains experts, cette ouverture médiatique a fortement contribué à la réalisation de la première alternance en 2000. Ce pluralisme et liberté médiatique est un facteur très significatif dans la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal.
Mais, à l’image de beaucoup de pays dans le monde, le Sénégal est aujourd’hui confronté à la prolifération des fausses informations dans le débat public. Même si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est accentué ces dernières années en raison notamment de la multiplication des moyens de diffusion et de partage de contenu, grâce principalement aux réseaux sociaux.
La désinformation implique la diffusion de mensonges sans tentative délibérée d’induire en erreur, tandis que la désinformation est un récit ou des faits manipulés – une propagande délibérément destinée à induire en erreur. Ces deux notions sont plus communément regroupées sous le terme de “fake news”, utilisé comme un terme générique.
Ces types d’informations constituent une menace importante pour la démocratie libérale car, si on les laisse se répandre et prospérer, ils désinforment les gens sur une gamme de questions civiques du vote à la responsabilité politique et à la corruption.
Bien qu’Internet ne soit pas à l’origine de la propagation des fausses informations, il l’a favorisée. La disponibilité de l’internet a rendu la production et la diffusion de fausses informations à un public plus large beaucoup plus facile et moins coûteuse, et il est beaucoup plus difficile de distinguer les faits de la fiction.
Selon une étude de 2021, Facebook est alors de loin la plateforme de réseau social la plus utilisée du pays, suivie d’Instagram avec 1,2 million, Facebook Messenger avec 700000 et LinkedIn avec 680 000. Twitter arrive loin derrière avec 148 400 utilisateurs Tout en étant des plateformes qui publient le contenu créé par les utilisateurs, les réseaux sociaux sont également des relais et des amplificateurs des informations qui circulent dans les médias classiques et les sites web.
En conséquence, il arrive souvent que des médias jouissant d’une assez bonne réputation tombent dans le piège de la désinformation juste parce qu’ils n’ont pas procédé à une vérification rigoureuse d’une information circulant sur les réseaux sociaux, Le journaliste Hamadou Tidiane Sy, directeur de l’Ecole supérieure de journalisme, des métiers de l’Internet et de la communication (Ejicom), souligne que les médias et les journalistes se retrouvent à propager de fausses informations « non pas de manière délibérée, mais en raison de manque de vigilance» Il existe, quand même, quelques initiatives de lutte contre les fausses informations au Sénégal. Il s’agit d’organismes comme Africa Check impliqués dans le « fact-checking »et l’éducation aux médias » qui font un travail remarquable. Toutefois, ces initiatives n’ont malheureusement pas encore l’influence qu’ils méritent, en raison notamment du fait que leur audience reste limitée. Il s’agit d’initiatives qui méritent d’être soutenues et vulgarisées, avec notamment le recours aux langues nationales pour toucher un public plus large.
Mais cela ne suffit pas pour lutter contre ce phénomène : Des programmes d’éducation aux médias et aux blogueurs qui ont une importance croissante à l’information et au numérique en direction du grand public doivent être initiés afin d’informer les acteurs sur le sujet des fausses informations. En plus de comprendre l’environnement médiatique, le public a besoin d’une certaine connaissance de l’écosystème numérique pour en faire un meilleur usage. Des programmes adaptés devraient également ciblés le jeune public.
Aussi, les efforts de l’Etat du Sénégal dans le but d’assainir le secteur par le biais du nouveau code de la presse est une lueur d’espoir, même s’il y’a encore des efforts à faire à beaucoup de niveaux. Et bien sûr, les organes de régulation et d’autorégulation des médias existants doivent être dotés de moyens suffisants pour effectuer convenablement leur travail.
Mesdames et Messieurs,
La crédibilité de l’information reste un grand défi pour notre ère marquée par la diversité des moyens de communication où chaque citoyen est devenu un journaliste en herbe. Dans ce cafouillage presque généralisé, les professionnels de l’information et de la communication doivent rester irréprochables car n’ayant pas de parti pris dans l’exercice du métier. Comme vous l’avez l’habitude de dire dans votre jargon « les faits sont sacrés et les commentaires libres ». Donc restons en aux faits, rien qu’aux faits.
Je suis convaincu que notre cocktail-débat animé par le brillant Monsieur Silla dont le parcours reste exemplaire dans le domaine nous éclairera plus sur ce phénomène. La qualité des débats sera également au rendez-vous avec la jeune génération de journalistes que vous êtes, porteurs d’espoir d’une presse libre, indépendante et transparente. De ce fait, j’attends avec beaucoup d’intérêt les recommandations qui sortiront de nos travaux.
Je renouvelle mes remerciements à l’ensemble des membres de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal pour l’excellente collaboration. Je remercie également le communicant pour sa disponibilité, ainsi qu’à l’ensemble des participants qui ont fait le déplacement pour rehausser l’activité.
Merci de votre aimable attention.

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