Jenny Cathcart Musicologue-ancienne Productrice à La Bbc : "le Statut Social De La Lignée De Sa Mère A été, Pour Youssou Ndour, Un Défi”

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Jenny Cathcart musicologue-ancienne productrice à la BBC : “Le statut social de la lignée de sa mère a été, pour Youssou Ndour, un défi”
Avec “NOTES D’AFRIQUE  un voyage musical avec Youssou Ndour”, Jenny Cathcart relate les styles musicaux qui se sont développés en Afrique, des indépendances à nos jours. Cet ouvrage structuré géographiquement, relate la vie du leader de la super étoile mais également celle de Ali Farka Touré, Alpha Blondy  Angélique Kidjo, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck, Cheikh Lô, Daara J, Salif Keita, Wally Seck … 

Avec l’auteur, on a tenté d’en savoir plus sur ce qui fait la particularité de notre You national. 

Pourquoi avoir choisi  ” NOTES D’AFRIQUE  un voyage musical avec Youssou Ndour ” comme titre puisque vous avez eu à travailler avec tant d’autres ?

Youssou Ndour est très singulier.  C’est un innovateur qui nous a toujours étonné et continuera à nous surprendre. Il a osé créer une musique populaire qui intègre de vieux récits et des vérités modernes. Il est capable de travailler avec n’importe quel musicien de la planète, il a fait d’énormes efforts pour propulser sa musique au-delà de sa propre  langue  jusque sur la scène internationale avec 10% de talent et 90% de sueurs.

Comment l’avez-vous découvert ?

 Au moment où il a émergé sur la scène musicale locale, Youssou Ndour, la première pop star du Sénégal, a souvent été comparée à la superstar américaine, Michael Jackson. En effet, c’est ainsi qu’on me l’a décrit quand je suis arrivée à Dakar en octobre 1984. Le jeune homme timide, sérieux, charismatique et talentueux que j’ai rencontré avait, qu’il le sache ou non, pour mission de sortir la culture Wolof de l’ombre du colonialisme et de prouver qu’à force de travail acharné, de foi, de courage et d’ambition il était possible de réussir et de donner de l’espoir aux autres.
“ Jeune homme, il était sensible à toute critique implicite mais cela n’a fait que l’inciter à travailler dur et à réussir”
Vous insistez sur ses origines pour expliquer son cheminement…

Youssou Ndour est né dans le quartier de la Médina le 1er octobre 1959, six mois avant que le Sénégal obtienne son indépendance de la France. Étant Gawlo du côté de sa mère, ses parents l’ont appris à chanter puisque c’est leur tradition.

Au début de sa carrière, Youssou était tout à fait conscient qu’il venait de la Médina, le quartier de la population ouvrière indigène de Dakar et non du Plateau, fief des anciens administrateurs colons et du nouveau gouvernement indépendant. Et qu’en tant que membre d’une caste, son entourage “griot” était considéré comme inférieur à la classe noble, même si son père n’était pas griot. Le statut social de la lignée de sa mère a été pour lui un défi. Jeune homme, il était sensible à toute critique implicite mais cela n’a fait que l’inciter à travailler dur et à réussir.

Comment expliquez-vous son succès ? 

Lorsque le Sénégal est devenu indépendant, la musique mbalax de Youssou Ndour, fondée sur des percussions et influencée par des chansons et de danses traditionnelles qui intègrent des instruments et des structures de chansons occidentales est devenue attractive. Instinctivement, Youssou a bien tâté le pouls de la population sénégalaise ; il savait qu’ils voulaient entendre des chansons pop chantées dans leurs propres langues, et qu’ils suivraient les sabars jusque dans les discothèques de la ville.
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