Korité 2023 : Imam Makhtar Kanté précise la date de la fête

Selon les données astronomiques, la conjonction prochaine aura lieu ce jeudi 20 avril 2023 à 04h12 UTC, même heure à Dakar. Le nouveau croissant de lune ne sera pourtant pas visible à l’œil nu aux Amériques, en Afrique, en Europe et en Asie mais le sera à l’aide d’instruments optiques, plus on va vers l’ouest, là où le ciel est dégagé. (Voir les cartes de visibilité disponibles sur le net). Donc, sur la base de la seule observation à l’œil nu, le premier jour de chawwal et fête de Korité tombera ce samedi 22 avril 2023 en raison de la règle qui dit de compléter le mois à 30 jours si le nouveau croissant de lune n’est pas aperçu à l’œil nu.

Si des communautés musulmanes déclarent le vendredi 21 avril 2023 premier jour du mois de chawwal et jour de la fête de Korité, ce pourrait s’expliquer par une observation à l’aide d’instruments optiques ou sur la base de la possibilité de voir le nouveau croissant suite à la conjonction.

Si l’on tient compte de l’échelle pays, le nouveau croissant de lune ne sera pas visible à l’œil nu dans la zone où se trouve le Sénégal même si l’observation se fera presque 15 heures de temps depuis la conjonction (coucher du soleil 19h26min), c’est-à-dire, depuis le début d’un nouveau cycle lunaire. Cela devrait conduire à compléter à trente le mois de Ramadan et faire Korité le samedi 22 avril 2023.

Mobilisons-nous pour une observation de masse ce jeudi inchaa Allah et on verra ce qu’il en sera.

Et après ?

Une solution pour le Sénégal serait d’opter de façon consensuelle pour ce qui suit :
– être plus rigoureux dans l’organisation de la collecte des témoignages oculaires en évitant les témoignages isolés et non confirmés par les communautés et autorités musulmanes locales et demander nom, lieu, contact téléphonique et heure du témoignage ;
– éviter d’accepter ou de refuser des témoignages selon la sensibilité confrérique ou non des uns et des autres ;
– valider l’observation du nouveau croissant de lune à l’échelle du pays comme le font la plupart des pays musulmans et conformément aux fatwas des grands oulémas contemporains (un décret du ministère de l’intérieur qui assure la tutelle du culte pourrait être pris en la matière) ;
– valider les témoignages oculaires en cohérence avec les données astronomiques notamment les instants de la conjonction, du coucher du soleil et du coucher de la lune ;

Perspectives

Rappelons que notre option préférée et universelle, basée sur le calcul astronomique rejoint celle du grand jurisconsulte libanais Faysal Al mawlawi (m.2011) : « La nuit du premier jour du mois musulman commence au coucher du soleil qui suit la conjonction ».

Dans cette optique, nous avons proposé une définition astronomique du mois musulman comme suit : « Le mois musulman dure le nombre de jours (29 ou 30) décomptés entre deux conjonctions consécutives ». Et en cela, nous avons suivi la position du grand jurisconsulte Ar Ramli (15e siècle) qui rejette l’idée selon laquelle il y a le mois de la charia et le mois astronomique. Cette position est plus en phase avec le verset sur le calcul des mois lunaires que nous allons voir dans les lignes qui suivent.

C’est ainsi qu’il est possible de disposer d’un calendrier musulman perpétuel comme c’est le cas pour les horaires de prière. Nous avons espoir que la Oumma finira par adopter cette option pour guérir définitivement des malaises de lune. Si la maîtrise du calcul astronomique ne doit pas servir à calculer le cycle de la lune, on peut se demander pourquoi alors ce verset : « C’est Lui qui a fait du soleil une lumière et de la lune une brillance et lui a fixé des phases de afin que vous sachiez dénombrer les années et le calcul. Allah n’a créé cela qu’en toute vérité. C’est ainsi qu’Il expose Ses signes pour ceux qui comprennent ». (Coran 10 : 5).

A ceux très attachés aux hadiths qui mentionnent l’observation oculaire, ce qui est à leur honneur, notre réponse est la suivante : c’était juste dans un contexte où le prophète Muhammad (SAWS) s’adressait à des musulmans arabes analphabètes, qui, dans leur grande majorité ne savaient ni lire ni écrire ni calculer : « Nous sommes une communauté analphabète, nous ne savons ni écrire ni calculer, mais le mois fait 29 ou 30 jours ». Dans un tel contexte, le prophète (SAWS) a demandé aux musulmans, de son vivant, de scruter le ciel comme à leur habitude, et en cas de gêne due à un ciel nuageux, de compter 30 jours le mois lunaire en cours. Ce contexte étant révolu, la contrainte nuage disparaît si l’on recourt au calcul astronomique. Il reste d’en tirer les conséquences qui s’imposent pour ce qui est de la détermination des mois lunaires pour une Oumma devenue compétente en matière de calcul astronomique.

O Allah, accorde-nous une bonne fin de Ramadan et une belle Korité à l’unisson.

Ne pas oublier votre zakatul fitr au plus tard avant la prière en nature ou en espèces.
Imam Makhtar Kanté

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