La revue de presse Afrique du 24 juillet

A la Une: une présidentielle et deux fichiers électoraux

A cinq jours de l’élection présidentielle au Mali, l’opposition persiste et signe : il y aurait deux fichiers électoraux. Tout a commencé vendredi dernier, avec une conférence de presse de Tiébilé Dramé, directeur de campagne du candidat Soumaïla Cissé, le principal opposant. Cité notamment par le site d’information malien Infosept, Tiébilé Dramé affirmait qu’il avait constaté de « nombreuses incohérences entre le fichier audité en avril dernier par un comité d’experts nationaux et de l’Organisation internationale de la Francophonie et la version électronique mise en ligne à partir 4 juillet par la DGE, la Direction générale des élections. Des anomalies qui laisseraient supposer un potentiel de plus d’un million d’électeurs fictifs. »

« Tiébilé Dramé et sa délégation ont été reçus par le chef du gouvernement, Soumeylou Boubeye Maïga, précise pour sa part Tjikan. Celui-ci les a assurés que la mission essentielle de son gouvernement était d’œuvrer à ce qu’il y ait une élection transparente, crédible et apaisée au Mali. (…) Et qu’il ne s’agissait nullement d’une volonté de fraude mais d’une erreur informatique. »

Le pouvoir est-il sincère ?

Des explications qui n’ont nullement convaincu l’opposition.

Hier, lors d’un meeting dans la ville de Kayes, rapporte le quotidien Le Pays, Soumaïla Cissé a affirmé : « Nous avons la preuve de ce que nous disons. C’est bien la stratégie du gouvernement de tricher dans cette élection en faveur d’IBK. Le président IBK sait qu’il ne peut pas gagner. C’est sur la fraude qu’il compte. Nous n’allons pas accepter la fraude électorale cette fois-ci », a-t-il mis en garde.

Le quotidien L’Aube s’alarme : « La révélation par le directoire de campagne de Soumaïla Cissé de graves anomalies sur le fichier électoral qui recélerait un potentiel de 1 200 000 électeurs fictifs vient semer le trouble sur les intentions réelles du pouvoir. L’aveu du directeur général des élections, le général Siaka Sangaré, même sous l’euphémisme “d’erreur informatique”, entache désormais la sincérité des organisateurs du scrutin. » Et L’Aube de s’interroger : « Faut-il accréditer l’idée d’un fichier électoral parallèle qui ouvrirait la voie à toutes les suspicions ? Cet épisode obscur éclaire sans doute d’un jour nouveau l’élection présidentielle de 2013 où les scores lénifiants de 39% et 77% au premier et second tour cachaient une fraude organisée. » Cinq ans après, conclut L’Aube, « ce (nouveau) vol programmé permet de mieux comprendre la sérénité qu’affiche le camp du président sortant ».

Pour sa part, la majorité dénonce une surenchère de l’opposition.

Une menace terroriste omniprésente

En tout cas, ces accusations de fraude électorale provoquent comme « un parfum de tension dans la campagne électorale au Mali », constateLedjely en Guinée. « Jusqu’au week-end passé, rappelle le site d’information guinéen, l’enjeu principal de cette élection présidentielle malienne demeurait le climat sécuritaire. Les uns et les autres se demandant notamment si le scrutin se tiendrait dans certaines zones du centre et du nord du pays, en proie à des attaques régulières ces derniers temps. Désormais, relève Ledjely, à cette préoccupation viennent se greffer les interrogations ayant trait à la transparence du scrutin, dans le contexte d’une élection qui s’annonce plutôt disputée. »

En effet, renchérit L’Observateur Paalga au Burkina, « avec l’hypothèque sécuritaire qui pesait déjà sur ce scrutin du fait de la menace terroriste qu’on connaît, les Maliens n’avaient pas besoin d’un autre motif de crispation politique (…). »

Une menace terroriste que le Mali et ses partenaires internationaux n’ont pas réussi à endiguer… C’est ce que pointe Le Monde Afrique : « A l’été 2013, l’élection du président IBK avait soulevé l’espoir d’une nouvelle ère de paix basée sur la promesse de “la refondation du Mali”. L’intervention militaire française Serval avait écarté, trois mois plus tôt, la menace des groupes jihadistes. Le dialogue avec les groupes armés du Nord laissait entrevoir la stabilisation de cette zone, rebelle depuis des lustres au pouvoir central de Bamako. Cinq ans plus tard, constate Le Monde Afrique, la communauté internationale est toujours au chevet de ce grand corps malade. Malgré le déploiement d’une dizaine de milliers de casques bleus, la restructuration amorcée de l’armée malienne, la montée en puissance d’une force régionale, la présence des militaires français de Barkhane et des centaines de millions d’euros d’aide, le Mali risque de nouveau d’imploser. »

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