La revue de presse française du 25 juillet

A la Une: «le responsable, c’est moi et moi seul»
C’est la phrase du jour. Phrase prononcée hier soir, mardi, par Emmanuel Macron à propos de l’affaire Benalla, devant plusieurs parlementaires de la majorité et des membres du gouvernement. « La République exemplaire n’empêche pas les erreurs. S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul. C’est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. C’est moi qui ai confirmé la sanction », a déclaré le chef de l’État.

« Cette fois, il a parlé, s’exclame Le Figaro. Et les propos qu’il a tenus hier soir devant ses amis de la République En Marche ne manquent pas de cran. Avec des mots de boxeurs, Emmanuel Macron assume une pleine et entière responsabilité. Avis à sa majorité, déboussolée par la bourrasque et ses effets politiques : le patron est là et bien là ! Avis à l’opposition en veine de motion de censure contre le Premier ministre : la vraie cible reste hors d’atteinte. Démonstration tardive, mais bienvenue, d’autorité. »

Toutefois, s’interroge Le Figaro, « suffira-telle à calmer la tempête et à répondre aux questions de l’opinion ? C’est une tout autre histoire ! Car à la vérité, les Français ne nourrissaient guère de doute quant à l’étendue des prérogatives d’Emmanuel Macron. Maintenant que sa responsabilité a été officiellement affichée, ce qu’ils veulent savoir, ce sont les leçons personnelles qu’il tire de ce gâchis, et ce qu’il compte faire pour que de tels errements ne se reproduisent plus. »

Remettre les pendules à l’heure

« Hier soir, Emmanuel Macron a compris qu’il ne pouvait pas plus longtemps s’extraire du débat, pointent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Son silence était du mépris à l’intention du petit peuple que nous sommes. Il accréditait l’idée que ceux qu’il avait admis dans son premier cercle étaient au-dessus des lois. Or, un chargé de mission à l’Élysée a moins droit à l’indulgence qu’un videur de boîte de nuit qui s’énerve. Le président a fini par le reconnaître, contraint et forcé par les événements. Lui qui se disait maître des horloges a été obligé d’être moins arrogant. Son intervention va calmer le jeu, elle n’effacera pas les traces de ce scandale géré piteusement. »

En effet, renchérit Le Républicain Lorrain, « il était temps pour le ‘Maître des horloges’ de remettre les pendules à l’heure et surtout de sortir du coin dans lequel il semblait s’être réfugié pendant que ses troupes, acculées par l’opposition, s’emmêlaient piteusement les pinceaux pour sortir l’Élysée d’une situation devenue intenable. Alors le président de la République a fait au plus simple et au plus court, et peut-être au plus efficace, il a dit : ‘C’est moi et moi seul le responsable’. Protégé par son statut et son élection au suffrage universel, il a lancé à la meute : ‘Qu’ils viennent me chercher’. Renvoyant ainsi les parlementaires de l’opposition à leurs travaux ordinaires et à leur mission qui ne prévoit pas de réclamer des comptes au chef de l’État. »

Un avant et un après Benalla

Non, pas si simple, rétorque La Nouvelle République : « le monarque affaissé endosse et assume, prétendant ne devoir répondre qu’aux Français. C’est un peu court et un peu tard Monsieur le Président, quelque chose s’est irrémédiablement cassé. »

« Dans ce quinquennat, il y aura un avant et un après l’affaire Benalla, estime L’Alsace. Aujourd’hui, le fait est qu’une majorité de Français se demande pourquoi Emmanuel Macron a ainsi fui ses responsabilités. La réalité est peut-être aussi simple que difficile à avouer pour l’intéressé : trahi par l’un des siens, le président n’est pas Jupiter. Si lui a pu y croire dans la solitude élyséenne, qu’il se rassure : les Français, eux, confrontés à un quotidien difficile, ne l’ont jamais pris pour un dieu. »

En effet, « il y aura un avant et un après Benalla », insiste La Montagne. Mais « que l’image de Macron soit écornée n’est pas le problème. Non, la vraie inquiétude est ailleurs. Quels gages cette affaire donnera-t-elle aux orateurs du ‘tous pourris’ ? Comment nourrira-t-elle la méfiance des citoyens envers les institutions, déroulant le plus douillet des tapis aux populismes ? »

Quelles crises ?

Pour sa part, Libération s’insurge contre les propos du Premier ministre, Edouard Philippe, hier devant les députés. Edouard Philippe qui a évoqué une crise politique, une crise parlementaire et médiatique. « Risible stratégie de défense », s’exclame Libé. Crise politique, certes, mais crise parlementaire et médiatique, non !, affirme le journal. « Il est heureux que nos confrères du Monde, les premiers, aient révélé les errements d’Alexandre Benalla (…). Il est salutaire qu’ensuite, Libération, comme d’autres organes de presse écrite ou des médias audiovisuels, aient à leur tour enquêté, révélé, décrypté, analysé, aidé tout simplement les Français à se faire une idée en exerçant leur fonction de contre-pouvoir. (…) Crise parlementaire ? Même chose, affirme Libération. Il est heureux que les parlementaires, depuis deux jours, puissent auditionner, fermement, mais courtoisement, les principaux protagonistes de cette affaire. Comme il est sain qu’ils puissent, moins courtoisement certes, interpeller la majorité dans l’hémicycle. Députés et sénateurs jouent tout simplement leur rôle dans un système institutionnel déséquilibré au profit de l’exécutif. »

La panoplie d’un enfant gâté…

Et puis, « le gorille de Macron rêvait d’être King Kong » : c’est l’un des titres en pages intérieures du Canard Enchaîné ce matin.

Le Canard qui revient en détail sur le parcours de Benalla. « Castagneur précoce, comblé de faveurs par l’Élysée, protecteur musclé des Bleus, Benalla déclenche la bagarre partout où il passe : entre préfet de police et ministre de l’Intérieur, entre flics et gendarmes. »

Le Canard qui détaille « la panoplie d’un enfant gâté : Alexandre Benalla était habilité au ‘Secret défense’, pure hérésie pour un simple ‘chargé de mission de l’Élysée’ » ; il détenait le fameux badge H, « que plus d’un dir-cab de ministre rêverait de posséder, donnant accès à l’hémicycle, le saint des saints de l’Assemblée » ; « comme l’ont montré les événements du 1er mai, Benalla a collectionné aussi les insignes policiers, brassard, casque, radio branchée sur le réseau policier Acropol, et surtout le flingue ! Un joujou offert par le préfet de police. » Il y a aussi, poursuit Le Canard, « la berline Renault Talisman, équipée comme la police » ; les 7.113 euros bruts de salaire, le logement de fonction d’une centaine de m2 quai Branly, avec « loyer très modéré » ; « ne manquait à cette panoplie, relève encore Le Canard, qu’un uniforme de lieutenant-colonel de la gendarmerie ( dans la réserve +opérationnelle+ ), taillé sur mesure par le patron des pandores, le général Lizurey. Sacré déguisement pour un gamin de 26 ans ! »

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