La Russie sous le choc après le probable empoisonnement d’Alexeï Navalny

Habituée aux soubresauts de l’actualité estivale, concentrée sur la révolte chez le voisin biélorusse, la Russie s’est figée, jeudi 20 août, après l’annonce de l’hospitalisation, dans un état grave, de l’opposant Alexeï Navalny. Les yeux sont rivés vers l’hôpital numéro un de la ville sibérienne d’Omsk et les rares bulletins de santé relatifs au patient Navalny. Son état s’est « stabilisé », a-t-on appris à la mi-journée, mais l’homme politique est toujours plongé dans le coma. Les médecins « font tout pour lui sauver la vie ». Il respire grâce à un respirateur artificiel.

Sur les réseaux sociaux, l’opposition libérale, pourtant peu bigote, s’en remet à Dieu. « Que Dieu lui vienne en aide », écrit Vladimir Kara-Murza, qui vit en exil aux Etats-Unis après avoir été la cible de deux empoisonnements, en 2015 et 2017. « Je prie pour lui », renchérit Ilia Iachine, l’un des responsables politiques de la même génération qu’Alexeï Navalny.

Article réservé à nos abonnésLire aussi L’opposant russe Vladimir Kara-Murza a-t-il été empoisonné ?
La charge d’informer revient à une femme. Kira Iarmich, la porte-parole historique de l’opposant était avec lui dans l’avion Tomsk-Moscou, quand son état de santé s’est subitement dégradé. Après l’atterrissage en urgence de l’appareil à Omsk, elle a été la première donner des nouvelles et, surtout, à évoquer un empoisonnement.

« Alexeï a été empoisonné, intoxiqué », a-t-elle d’abord tweeté, indiquant que le politicien de 44 ans avait bu un gobelet de thé, dans un café de l’aéroport de Tomsk. « C’est la seule chose qu’il ait absorbée depuis le matin. Les médecins disent que la toxine a circulé plus rapidement par le liquide chaud. » Une vidéo prise par un passager montre l’arrivée des secours à bord de l’avion. On n’y voit pas Navalny, mais on entend ses râles de douleur.

Plainte pour des faits d’empoisonnement
La dégradation de son état a été si soudaine et si brutale, jusqu’au coma, que la thèse de l’empoisonnement ne fait guère de doutes dans l’esprit de ses partisans. Seuls les plus outranciers parmi les sites sous contrôle gouvernemental s’organisent pour semer le doute, rappelant le passé – imaginaire – de toxicomane de Navalny, ou bien assurant qu’il avait bu avant de prendre l’avion.

Kira Iarmich a immédiatement appelé la police à venir à l’hôpital. Dans le même temps, l’un des plus proches lieutenants de l’avocat anticorruption, Leonid Volkov, confirmait au Monde qu’une plainte avait été déposée au Comité d’enquête, à Moscou, pour des faits d’empoisonnement. Les activistes qui l’ont accueilli à Tomsk tentent, de leur côté, de recueillir tous les éléments possibles – depuis les draps dans lesquels il a dormi jusqu’à de la nourriture. L’attitude des médecins d’Omsk alimente le soupçon. Selon Mme Iarmich, ils se montrent effrayés, refusent de donner certaines informations promises.

Il vous reste 66.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

via LeMonde

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.