Ligue des champions : le Bayern Munich, des souvenirs contrastés pour l’OL

« Wunderbar oder schrecklich », les rencontres face au Bayern Munich ont laissé depuis dix-neuf ans des traces diverses, du plus merveilleux au plus horrible, dans les mémoires lyonnaises. Avant de retrouver, mercredi 19 août à Lisbonne, l’institution du football allemand pour la deuxième fois en deux qualifications en demi-finales de la Ligue des champions – la première fois ne s’était pas bien passée en 2010 –, l’OL peut aussi se remémorer deux succès flamboyants au début des années 2000. Retour sur quatre des huit confrontations entre les deux clubs (deux victoires pour Lyon, deux matchs nuls, quatre succès pour le Bayern).
Un an et demi après la désillusion d’une élimination au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions face aux Slovènes de Maribor, les Lyonnais disputent leur première vraie campagne dans la prestigieuse compétition. A l’époque, elle se dispute en deux phases de groupes successives, avant d’accéder directement aux quarts de finale. L’OL a franchi sans encombre la première, terminant à la 2e place derrière Valence.

Au deuxième tour, les joueurs de Jacques Santini doivent affronter deux cadors continentaux outre le Spartak Moscou : Arsenal et le Bayern. Défaits 1-0 à Munich au match aller, le 22 novembre 2000, les Lyonnais s’apprêtent à recevoir les Allemands le 6 mars 2001 lors de la 5e journée du groupe C.

Dans un stade de Gerland en ébullition, l’OL évolue avec des titulaires tels que Philippe Violeau, Pierre Laigle ou encore David Linarès et un banc où l’on retrouve des jeunes joueurs du centre de formation, comme Florent Balmont ou Julien Viale. C’est un autre Gone qui va éclabousser de sa classe la rencontre et émerveiller, par « sa vivacité et sa puissance », l’ex-sélectionneur des Bleus, Aimé Jacquet, aux commentaires sur les antennes de Canal+.

A 21 ans, Sidney Govou, contour du crâne entièrement rasé, semble flotter un peu dans son maillot mais il ne doute de rien sur le terrain. Ses deux coups de canon précoces assomment complètement les Bavarois, qui encaisseront même un troisième but en seconde période par l’ancien Lensois Pierre Laigle (71e).

Sur le premier, Govou contrôle en mouvement, et vers l’avant, un centre tendu et en retrait de Sonny Anderson avant d’adresser une demi-volée magistrale au premier poteau des cages de la légende Oliver Kahn, futur finaliste du Mondial un an plus tard. Sur le deuxième, il récupère un ballon dans l’axe à 30 mètres avant de crocheter un défenseur et d’envoyer le ballon dans la lucarne d’une frappe limpide : « Oh le deuxième but, extraordinaire ! », s’égosille en direct Aimé Jacquet, d’ordinaire plutôt calme.

Malgré cet exploit, et à cause d’un dernier match nul en déplacement à Moscou, Lyon termine à la troisième place, devancé seulement à la différence de buts particulière par les Anglais d’Arsenal. L’unique défaite des Munichois ne les a pas empêchés de terminer largement en tête du groupe. Cette année-là, ils seront même sacrés champions d’Europe après avoir battu Manchester United, le Real Madrid et Valence en finale aux tirs au but.

Bayern-Lyon 2003 (1-2) : le coup franc mémorable de Juninho
Les deux équipes se retrouvent encore une fois lors d’une phase de groupes en match aller-retour. Et cette fois dans la formule actuelle de la Ligue des champions, c’est-à-dire une seule phase de groupes avant les huitièmes de finale. A l’aller, le 21 octobre 2003, Lyon a arraché l’égalisation à domicile grâce à Peguy Luyindula (1-1). Les Lyonnais terminent la phase aller avec un bilan équilibré d’une victoire (Anderlecht), une défaite (Celtic Glasgow), et donc un match nul.

Mais pour rester dans la course à la qualification, les hommes de Paul Le Guen doivent ramener un résultat de Bavière, où ils se déplacent le 5 novembre. C’est un coup de pétard de Juninho, aujourd’hui directeur sportif du club, qui va libérer son équipe. A la 6e minute de jeu, le Brésilien se prépare religieusement pour frapper comme à son habitude un coup franc à 30 mètres, légèrement à gauche des buts allemands.

Oliver Kahn place son mur, tente de couvrir le côté opposé mais hésite devant la trajectoire irréelle du tir. Le charismatique gardien munichois est battu et vient s’encastrer sur son poteau. Le ballon termine en pleine lucarne après avoir heurté l’intérieur du montant. Mais le Bayern ne se laisse pas abattre et égalise quelques minutes après par son buteur néerlandais Roy Makaay (15e).

Contre tous les pronostics, c’est finalement bien l’OL qui va forcer la décision. A la 53e minute, l’ex-Munichois Giovane Elber offre la victoire à son nouveau club, sur une action de Florent Malouda et Peguy Luyindula. Lyon termine en tête du groupe A, 1 point devant le Bayern. En huitième de finale, les Rhodaniens éliminent la Real Sociedad avant de chuter en quart contre le futur vainqueur, le FC Porto d’un certain José Mourinho.

Lyon-Bayern 2008 (2-3) : démonstration munichoise en première période
Le 10 décembre 2008, les deux clubs, déjà qualifiés, s’affrontent à Lyon lors de la 6e et dernière journée avec comme enjeu la première place. Au match aller, les Lyonnais ont encore arraché un bon résultat en Allemagne (1-1), grâce à un coup franc lointain de Juninho, dévié par un défenseur adverse, et aux nombreux arrêts du débutant – à ce niveau – Hugo Lloris, jeune transfuge de l’OGC Nice.

La « finale » du groupe F tourne, elle, rapidement à la déculottée. Les Munichois n’ont besoin que de 37 minutes pour inscrire trois buts dans un Gerland médusé, habitué aux belles soirées européennes. Miroslav Klose marque deux fois (12e et 37e) et Franck Ribéry, une fois (34e). En deuxième période, le Bayern baisse volontairement le pied et encaisse deux buts sans importance de Sidney Govou (52e) et Karim Benzema (67e).

Deuxième, l’OL ne passera pas le cap des huitièmes, opposé au grand Barça (1-1 et 2-5), qui éliminera ensuite Munich en quart, avant de remporter la compétition face à Manchester.
Malgré les sept titres consécutifs de champion de France dans les années 2000, l’histoire européenne de l’OL ne comptait avant la saison 2009-2010 qu’une seule participation à une demi-finale. C’était en 1964 face au Sporting Portugal, dans la moins courue Coupe des vainqueurs de Coupe. L’OL du trio Fleury Di Nallo, Angel Rambert et Nestor Combin s’inclinait lors d’un troisième match d’appui après deux résultats nuls. Les Portugais remportaient finalement la compétition face au MTK Budapest.

Alors, avant d’affronter le Bayern Munich en demi-finale de la Ligue des champions, l’OL, qui n’est plus champion de France (Bordeaux a mis fin à son règne la saison précédente) et amorce son déclin, est loin de partir favori. Le parcours des Lyonnais tient jusqu’ici presque du miracle. Ils ont d’abord dû passer par un barrage remporté contre Anderlecht, avant de terminer deuxièmes d’un groupe relevé devant Liverpool et derrière la Fiorentina.

En huitièmes, l’OL a pour la première fois éliminé un grand club européen lors d’une double confrontation à élimination directe : le Real Madrid. En quart, Lyon s’est extirpé difficilement d’un affrontement franco-français face aux Girondins de Bordeaux. Lors de la demi-finale aller, le 21 avril, les hommes du président Jean-Michel Aulas se sont inclinés 1-0 en Bavière. L’espoir est encore permis avant de recevoir le 27 avril le Bayern.

Pourtant, cette drôle d’épopée européenne n’ira pas plus loin. Bien trop forts, les Munichois ne laissent aucune chance à des Lyonnais dépassés. Le Croate Ivica Olic inscrit un triplé pour une victoire 3 à 0.

Dix ans après ce soufflet, l’OL retrouve donc le Bayern Munich, quintuple vainqueur de la Ligue des champions et auteur d’une prestation impressionnante contre le Barça de Lionel Messi en quart de finale (8-2). Quatre jours après avoir sorti le Manchester City de Pep Guardiola (3-1), les Gones réaliseraient à coup sûr le plus grand exploit de leur histoire en venant à bout des Allemands.

Anthony Hernandez

via LeMonde

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