REVUE DE PRESSE FRANÇAISE A la Une: «Alerte, la biodiversité s’effondre»

Les médias sonnent l’alarme face à la destruction accélérée du vivant. Pourquoi maintenant, me direz-vous ? Parce que les délégués de 132 pays, mais aussi des experts, des scientifiques, sont réunis depuis hier et toute cette semaine à Paris. Une sorte de GIEC de la biodiversité pour réfléchir, évaluer, et alerter donc sur la 6e extinction de masse. Cette extinction, dramatique, qui se déroule en ce moment sous nos yeux.

« Alerte » peut-on lire, donc, à la Une de nombreux journaux aujourd’hui. « Alerte rouge » même sur le site du Monde. Mais parfois les superlatifs manquent pour décrire l’urgence de la situation.

« Alerte, silence. Alerte rouge, silence. URGENCE, SILENCE. La sonnette est fatiguée de retentir dans le vide à propos de la disparition des espèces » se désole ainsi Libération. « On nous répétera que des centaines de milliers d’espèces pourraient disparaître en quelques décennies. Une catastrophe qui nécessite des décisions radicales et pour laquelle Emmanuel Macron n’a pas eu un mot lors de la prise de parole qui devait dessiner le grand tournant du quinquennat. La violence de la sixième extinction de masse a-t-elle assommé les responsables politiques ? » S’interroge Libé, en connaissant déjà la réponse.

L’écologie serait donc la grande oubliée des annonces d’Emmanuel Macron

Le rendez-vous parisien sur la biodiversité arrive quelques jours seulement après la prise de parole du président de la République. Et rien sur l’écologie peut-on lire aussi sur le site de BFMTV. « Aucun gouvernement au monde n’en fait assez, aucun, y compris en France. Et c’était vrai sous François Hollande, c’était aussi vrai avant l’accord de Paris, sous Nicolas Sarkozy, et c’est vrai aujourd’hui sous Emmanuel Macron ». Ce bilan, il est signé Pascal Canfin, l’ancien président de WWF aujourd’hui sur la liste du parti présidentiel aux européennes. Figure de l’écologie et récente prise de guerre de la République en marche, il a tout de même haussé le ton hier sur LCI.

« Il ne faut plus réclamer le changement, il faut le provoquer » pourrait presque lui répondre Pierrick qui s’exprime dans les colonnes du site Reporterre. Pierrick c’est un habitué des ronds-points tenus par les « gilets jaunes », mais c’est aussi un militant pour le climat. Il prône la « désobéissance civile », seule stratégie à même selon lui de faire bouger la politique. Mais sur le terrain aussi, la tâche est difficile. Pour preuve : Pierrick était ce weekend end à Verdun, et il s’est senti bien seul au milieu de la centaine de personnes réunie pour le Printemps du changement. Une initiative qui visait « la convergence entre Gilets jaunes et Marcheurs pour le climat, et qui n’a pas vraiment pris » se désole Reporterre.

Ce n’est donc pas un vent d’optimisme qui souffle ce matin dans les kiosks français, car les perspectives de changement, en France, comme à l’étrangers, sont bien minces : « Allez dire au président Bolsonaro, qu’il faut arrêter de massacrer la forêt amazonienne avant que la planète ne puisse plus respirer, lance le Courrier picard ; allez dire à Trump qu’il faut cesser l’exploitation du gaz de schiste pour espérer avoir encore de l’eau potable ; allez dire, allez dire…». Sentiment de lassitude dans la presse, sentiment de l’avoir déjà beaucoup dit.

Les scientifiques, eux, continuent d’égrener une liste d’indicateurs, tous dans le rouge.

Et oui car pourtant, pourtant les chiffres donnent le tournis : « Un quart des espèces évaluées – sur les 8 millions estimées sur Terre – sont déjà menacées d’extinction » explique France Info. Mammifères, amphibiens, oiseaux, poissons, la liste macabre est longue et glaçante. On pourrait aussi y ajouter la destruction du couvert forestier mondial, dont la superficie a reculé de 20 % en un quart de siècle. « La destruction de la nature menace l’homme au moins autant que le changement climatique et mérite donc autant d’attention pour éviter des impacts dévastateurs » résume ainsi La nouvelle République.

Et la France peut tout particulièrement s’inquiéter de cette diminution de la biodiversité. « Le pays figure parmi ceux qui hébergent le plus grand nombre d’espèces menacées au niveau mondial » nous apprend Le Monde. Chez nous un quart des espèces évaluées seraient aujourd’hui menacé d’extinction, et le risque ne fait que s’accroitre dans l’hexagone. Ce « très riche patrimoine en péril  » donne pourtant à la France « une responsabilité toute particulière (…). Pour convaincre de sa détermination à pousser les négociations internationales en faveur du vivant, la France devra commencer par se montrer exemplaire pour sa propre biodiversité ».

Il y a aussi dans les médias ce matin quelques raisons d’espérer

Pour cela il faut aller par exemple dans la Drome, comme l’a fait Le Figaro. Plus précisément dans la Réserve de vie sauvage du Grand Barry. « 130 hectares de terres couvertes de prairies et de forêts nichés à 800 mètres d’altitude, un véritable refuge pour la faune local ». Si l’on y voit renards, chamois, ou petits geais des chênes, c’est grâce à une association qui avec des dons privés, a pu acheter ce lopin de terre et y réaliser une « expérience singulière : le retour définitif à la vie sauvage ». Ici tout est préservé de l’homo détruitus. Les images en noir et blanc d’une petite caméra fixée sur un arbre captent ainsi cette nature qui revit. 156 déclenchements automatiques de l’appareil au dernier relevé, la biodiversité, quand on la protège, peut aussi se porter comme un charme.

Et puis cette autre image qui let du baume au cœur, elle est à découvrir dans Sud Ouest.Celle de l’ours Sorita, l’une des deux ours slovènes relâchées dans le Béarn en octobre dernier. Elle aussi se porte bien, la preuve, on la voit aujourd’hui avec deux oursons, se promener dans les hautes Pyrénées. La nouvelle peut énerver les éleveurs, elle rassure certainement les écolos. Mais la question de la préservation de la biodiversité dépasse bien sur ces divisions. Et de loin. Car entendons ce constat de Bruno David, président du Museum national d’histoire naturelle. Il nous dit dans l’Obs que « notre irresponsabilité nous menace nous-même. La vie sur terre continuera d’exister, mais peut-être, sans l’espèce humaine ».

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