Vote Affectif, Religieux, Confrérique, Ethnique : «l’ethnicité N’est Pas Mauvaise…» (pr Mamadou Diouf)

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PR Mamadou Diouf,Université Colombia
La question régionaliste et ethnique pollue le champ politique et alimente les débats les plus passionnés. Si certains craignent un délitement dangereux de la société sénégalaise, le professeur d’histoire, Mamadou Diouf, n’y voit aucun facteur alarmiste. 

Selon lui, «ce qu’on ne prend pas en considération, c’est que toutes les variables listées ici (vote affectif, religieux, confrérique, ethnique) sont des variables qui participent de la composition d’un positionnement politique. Cela peut être affectif, moral, politique, régional, religieux, ethnique».

«C’est l’ensemble de ces éléments qui participent d’une prise de décision qui vous amène à voter pour un candidat ou un autre. Ce ne sont ni des réactions mauvaises ni des motivations négatives», souligne-t-il dans l’émission “Objection” de ce dimanche sur Sud Fm. 

D’après le professeur d’histoire à l’université de Columbia, «ces motivations peuvent participer d’une culture politique générale qui crée une dynamique. Et cette dynamique est la marque d’une société».  

Par exemple, poursuit-il dans son argumentaire, «une question qui semble jouer un rôle important aujourd’hui dans les discussions au Sénégal : la question ethnique. Que cela soit lié à ce que les gens ont prétendu à la démarche du président de la République ou que cela soit le maître de l’opposition Sonko qu’on renvoie à la Casamance. La question ethnique, on ne peut pas la poser de manière générale. Quand on parle de l’ethnicité comme un élément d’opposition et de conflit, on doit faire une distinction. Cette distinction, c’est entre le tribalisme politique et l’ethnicité». 

Il s’explique : «C’est-à-dire, quand l’ethnie est utilisée dans le champ politique pour des gains de pouvoir, on parle de tribalisme. Mais l’ethnicité est effectivement un élément caractéristique de nos sociétés qui sont restées des sociétés traditionnelles.»

Cela, selon le Pr. Diouf,  est appelé «l’ethnicité morale», c’est-à-dire «comment des ressources de votre communauté participent à votre vision du monde et vous permettent de comprendre le monde et de vous comprendre en retour». «Ce qui veut dire que l’ethnicité est un : dynamique ; deux :  toute l’histoire précoloniale des sociétés africaines repose sur des communautés qui sont ensemble pour des raisons politiques, mais tout en reconnaissant leurs différences. C’est-à-dire qu’il n’y a pas le type de citoyen à l’Européenne au XIXe siècle qui est incolore, inodore et sans saveur. Ce qui importe dans la reconnaissance de la différence, c’est d’établir la délibération comme règle de gouvernance», renseigne-t-il.

En définitive, fait constater le Pr. Diouf, «l’ethnicité n’est pas mauvaise. Le tribalisme politique est mauvais».           
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