[focus] Climat Social Tendu, élections Imminentes : Un Air De Déjà Vu…

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[Focus] Climat social tendu, élections imminentes : un air de déjà vu…
Grève par-ci, grève par-là, hausse des prix, recrudescence de la criminalité, pénuries d’eau, ça ne vous rappelle rien ? En 2000, avant la première alternance, les délestages récurrents occupaient l’actualité, en plus des tensions politiques exacerbées par les échéances électorales imminentes, et dopées par les fausses manœuvres politiques démarrées avec le « congrès sans débat » du tout-puissant PS qui ne digérait pas Ousmane Tanor Dieng, installé comme dauphin, second de Diouf. Tout comme en 2011, au point que surgissent des entrailles de la banlieue, un cri du cœur et un mouvement subversif : « Y en a marre » !

L’homo senegalensis traverse ces derniers jours des moments pénibles. Le panier de la ménagère peine à être rempli convenablement, la faute à la hausse des prix des denrées. On n’assiste certes pas à des délestages, mais l’eau, liquide précieux, se fait de plus en plus rare et parfois elle a la couleur jaunâtre et l’odeur des fosses septiques dans certaines localités de la banlieue. À cela s’ajoute la hausse de la criminalité : des gangs pullulent surtout dans la partie ouest du pays et les crimes crapuleux se multiplient.

A quelques semaines des Locales, toute manœuvre politique malvenue peut être mortelle. Retour vers le futur…

Le climat social, un terreau fertile

Depuis 1960, le Sénégal, en dépit des différents régimes qui se sont succédé, est toujours dans la liste des pays pauvres très endettés. On ne peut pas vraiment dire que le pays a connu des périodes d’euphorie… Le Sénégalais vit en permanence dans un climat social tendu. Avec des pics sanglants : 1963, 1968, 1973, sous Senghor; 1988, 1989, 1993 et 1994 sous Diouf; 2007 et 2011 sous Wade et, plus récemment, en mars 2021 sous Macky Sall. Devrait-il s’en inquiéter ?

Des moments de tension dont le déclencheur n’est jamais loin

À la fin des années 80, c’était le sentiment de dépossession. Alors que le chômage atteint des pics, les Maures détiennent le monopole des boutiques de quartiers au moment où les mesures d’ajustement structurel plongent une partie des citoyens dans des nuits sombres. Les vagues dévastatrices du « Sopi » en 1988 et le conflit sénégalo-mauritanien en 1989. Les Sénégalais « sont fatigués » et cette phrase de Kéba Mbaye est plus que jamais d’actualité.

En 2007, alors que Wade est réélu miraculeusement dès le premier tour, les slogans intempestifs mettent en évidence le ras-le-bol des citoyens. Tout démarre avec les marchands ambulants de Sandaga avant d’embraser d’autres secteurs. Les Locales de 2009 confirment la descente aux enfers des Wade : ils perdent Dakar… Une dégringolade qui ne prit fin qu’avec la chute définitive du Pape du Sopi trois années plus tard.

Désigner un successeur, la faute à ne pas commettre ?

S’il y a une constante dans la baisse de l’autorité d’un chef, c’est la désignation de son successeur. Senghor, dès qu’il a désigné Diouf pour lui succéder, n’existait pratiquement plus politiquement ; la descente aux enfers de Diouf a démarré avec le choix porté sur Tanor. Wade ne s’est jamais relevé d’avoir préféré Karim aux autres… On comprend, à partir de-là, que Macky Sall, quand on lui demande s’il rempile ou pas, ne dise « ni oui, ni non » ! Mais cela ne l’absout pas du “péché” à lui prêté, de vouloir briguer un troisième mandat là où la constitution n’en prévoit que deux.

Les guerres de succession ont été jusqu’ici le meilleur moyen de disloquer un parti politique ou simplement lui faire perdre des voix. Cela s’est vérifié avec Senghor d’abord, mais aura été plus marquant avec le président Abdou Diouf. En 1996, durant un Congrès du Parti socialiste Diouf, propulse Ousmane Tanor Dieng au-devant de la scène. Dénommé « la créature de Diouf », Tanor est pressenti comme son successeur. Une décision qui eut comme conséquence, la frustration des « Eléphants », ces vieux barons du système comme Djibo Ka, Moustapha Niass entre autres. Nombre de ces dissidents, avec un poids électoral non négligeable, sont partis créer leur propre formation politique et ont mordu la main qui les a tant nourris. Résultat : le Parti socialiste perd le pouvoir en 2000.

Même scénario avec le Pape du Sopi. Pour durer plus que de raison en faisant de son dauphin, son fils biologique, Wade a essayé de tuer ses autres « fils », ceux-là, idéologiques. Des pans entiers de ses fidèles le lâcheront : Idrissa Seck, qui le porte au pouvoir en 2000 et devient son challenger de 2007 ; ensuite Macky Sall, cheville ouvrière de sa réélection en 2007, tête de liste de sa coalition aux législatives la même année, brutalement limogé un an plus tard.

C’est le chant du cygne…

Senghor, Diouf et Wade ont signé leur acte de décès politique dès l’annonce de leur retraite et la désignation du dauphin. Aujourd’hui, l’on peut retenir que le climat social est toujours le même avec des manifestations de plus en plus récurrentes.

Seulement, au point où nous en sommes, le probable «dauphin» reste encore mystère et boule de gomme…

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