Imran Khan : ex-playboy, légende du cricket… et futur Premier ministre du Pakistan ?

Héros du cricket pakistanais au passé de jet-setteur, l’opposant Imran Khan semble, à 65 ans, bien placé pour remporter les élections législatives mercredi au Pakistan. Parfois comparé à Donald Trump pour son populisme, il ne fait pas l’unanimité.
Une batte de cricket. C’est l’emblème électoral choisi par Imran Khan, 65 ans, pour sa campagne pour les législatives au Pakistan.

Un clin d’œil à son passé sportif légendaire : si “Immy”, comme l’appellent ses partisans, a consacré les deux dernières décennies de sa vie à la politique, il fut celui qui, en 1992, alors capitaine de l’équipe nationale de cricket, mena le Pakistan à sa première – et seule – victoire en Coupe de monde. Dans un pays où le cricket est roi, il est aussitôt devenu un héros national.

Le meilleur joueur de l’histoire du cricket pakistanais, issu d’une riche famille pachtoune de Lahore, a mis longtemps a être pris au sérieux sur le plan politique. Son parti, le Tehreek-e-Insaf – ou PTI, c’est-à-dire “Mouvement pour la justice au Pakistan”, a été fondé en 1996. Mais il a longtemps dû se contenter d’une poignée de sièges.

“Imran Khan’t” en 2013

Imran Khan a beau avoir étudié dans les meilleures universités pakistanaises et être diplômé d’Oxford, ses années de playboy à faire la fête, bien entouré, dans les boîtes de nuit de Londres pèsent sur sa crédibilité.

C’est lors de la campagne des élections législatives de 2013 que sa popularité explose : les classes moyennes se retrouvent dans son discours contre la corruption et il affiche son ambition de devenir Premier ministre. Mais ce n’est pas son heure : “Imran Khan’t” (“Imran ne peut pas”), raille une partie de la presse.

Cinq ans plus tard, Imran Khan est désormais la principale figure de l’opposition et un boulevard semble s’offrir à lui : Nawaz Sharif, ex-leader du PML-N, au pouvoir depuis 2013, est derrière les barreaux. Destitué de manière controversée du poste de Premier ministre l’an dernier pour corruption et interdit de se présenter depuis, il a été remplacé à la tête du parti par son frère Shahbaz, un adversaire de moindre poids pour Imran Khan.

Son profil suscite l’engouement des Pakistanais, lassés de voir les mêmes leaders de partis traditionnels issus de grandes familles monopoliser le pouvoir depuis des décennies.

Surtout, même s’il s’en défend, il bénéficie du soutien de la puissante armée pakistanaise. “Il est leur marionnette. Il est là où il est grâce à l’armée et au ISI [le service de renseignement pakistanais, NDLR]”, estime même, dans une interview accordée mardi au New York Times, C. Christine Fair, chercheuse à l’université de Georgetown, à Washington, et spécialiste du Pakistan.

Dépeint comme impulsif, ses tirades anti-establishment et ses sorties sur les réseaux sociaux lui ont parfois valu d’être comparé à Donald Trump. Un parallèle qu’il rejette complètement, lui qui surfe sur l’anti-américanisme.

Son programme pour le Pakistan ? L’avènement d’un “État-providence islamique”. Car loin de son passé glamour de séducteur, Imran Khan affiche désormais un visage conservateur. Vivant “retiré” dans sa maison sur les hauteurs d’Islamabad, apparaissant régulièrement tout de blanc vêtu et chapelet à portée de main, il revendique être un musulman pieux et pratiquant.

Certains le surnomment “Taliban Khan” et l’attaquent pour ses appels répétés au dialogue avec des groupes insurgés violents et pour l’alliance – assumée – de son parti avec un religieux surnommé “père des Taliban”, Sami ul Haq.

Loin des valeurs occidentales auxquelles il avait adhéré, il a récemment déclaré que le féminisme avait “dégradé le rôle de la mère”.

Après son mariage de près de dix ans avec Jemima Goldsmith, avec laquelle il aura deux garçons, il a brièvement convolé avec une présentatrice télé, Reham Khan, avant d’épouser en troisièmes noces, début 2018, une femme présentée comme sa conseillère spirituelle, Bushra Wattoo. Sur les clichés pris lors de la cérémonie, la mariée portant un hijab blanc. Signe de conservatisme au Pakistan, un voile rouge dissimule son visage. Une évolution qui laisse apparaître son conservatisme grandissant.

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