La revue de presse française du 24 juillet

A la Une: L’Elysée sous pression

C’est le grand titre du Figaro, qui constate qu’après les auditions hier du ministre de l’Intérieur et du préfet de police de Paris, dans le cadre de l’affaire Benalla, les regards sont braqués vers le Palais.

En effet, Gérard Collomb et Michel Delpuech « ont assuré qu’il ne relevait pas de leur responsabilité de saisir la justice après avoir pris connaissance des agissements d’Alexandre Benalla, renvoyant ainsi la faute sur l’Élysée. »

Dans le collimateur désormais, constate Le Figaro : « Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, qui sera entendu ce mardi à 16 heures 30. Car c’est vers lui que pointent désormais tous les regards, relève le journal, pour ne pas avoir saisi le procureur de la République après les agissements d’Alexandre Benalla, ne lui infligeant qu’une suspension temporaire. C’est le dernier bouclier du président. Encore faut-il trouver le bon timing. Mais Patrick Strzoda est un fusible à un coup, pointe Le Figaro. D’autant plus pratique que son départ en retraite est prévu pour octobre. Seulement sans lui, c’est le président qui est directement exposé, à moins que l’audition du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, prévue jeudi devant la commission d’enquête du Sénat, ne le place, lui aussi, en première ligne. »

En première ligne…

Du coup, constate Sud-Ouest, « la vacuité des réponses de Collomb et la précision de celles de Delpuech auront au moins eu le mérite d’apporter en creux la confirmation de ce dont chacun se doutait : c’est bel et bien Emmanuel Macron, et ses proches, qu’il faudrait auditionner. »

« Après tout, pourquoi l’un et l’autre porteraient-ils le chapeau ?, s’interroge La Provence. Ces deux hommes étaient les lampistes désignés, les boucs émissaires annoncés, alors qu’à l’évidence, tout s’est passé au-dessus d’eux et que l’Élysée en général et le président en particulier étaient les seuls à connaître la vérité. M. Macron aura beau se retrancher derrière des paravents et faire sauter des fusibles, c’est lui qui restera en première ligne. »

Oui, « l’étau se resserre autour de l’Élysée, s’exclame Le Midi libre. Désormais, Emmanuel Macron doit assumer sa part d’erreurs. En passer par là pour mettre fin au supplice, c’est l’unique solution. Seul, face aux Français. »

« D’évidence, des têtes vont tomber au château, lance L’Est républicain. Toute réorganisation, si sophistiquée soit-elle, toute redéfinition politique de la sécurité présidentielle, n’exonérera pas M. Macron de payer l’addition sur le plan politique et moral. Ce président, volontiers donneur de leçons, est trop fine mouche pour ne pas comprendre qu’avec cette déplorable affaire, une déception infinie et un énorme doute ont gagné ces Français qui ont cru en ses promesses de lendemains vertueux. »

Macron n’est plus le maître des horloges

En attendant, constatent Les Echos, « l’affaire Benalla a pris, hier, une ampleur nouvelle car elle affecte, désormais, la mise en œuvre des réformes voulues par le chef de l’Etat. (…) Ce n’est plus Jupiter omnipotent, mais Jupiter empêtré. »

En effet, précise Libération, « Emmanuel Macron n’est plus “le maître des horloges” », avec « le renvoi à la rentrée de la fin de l’examen à l’Assemblée nationale du texte sur la révision constitutionnelle. Dimanche soir pourtant, les éléments de langage distillés après une réunion entre le chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et quelques hauts gradés de la Macronie étaient clairs : “tout faire” pour que les réformes aboutissent. C’est raté. L’annulation d’un déplacement (demain sur le Tour de France) et le report d’une réforme importante ne sont pas anodins, relève Libération. En politique, dicter son agenda, imposer son tempo, sont des armes de base. Les succès des débuts du quinquennat ont en grande partie été le fruit de cette stratégie. Et chez Macron, un peu comme chez Sarkozy d’ailleurs, maîtriser le temps signifiait tout simplement foncer, foncer, foncer. Surtout ne pas temporiser, encore moins reculer. En cela, conclut Libération, l’affaire Benalla, quel que soit le fusible qui dans les jours à venir finira par porter le chapeau, touche Emmanuel Macron au cœur. Le président qui ne se laisse rien dicter par les événements a vécu. »

Afrique : pourquoi les jeunes partent

A lire également ce matin, cette enquête de La Croix : « Afrique, pourquoi les jeunes partent ».

« 42% des Africains de 15 à 24 ans et 32% des diplômés du supérieur sur le continent déclarent vouloir émigrer, selon une étude parue en 2016, pointe La Croix. Attirés par le niveau de vie élevé des pays d’accueil, ils fuient le manque de perspectives, et partent aussi, souvent, sous la forte pression de leurs proches. »

La Croix prend l’exemple de trois pays : Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Sénégal.

L’opération Barkhane : « trop lourde »

A lire aussi dans Le Monde, ce long papier sur « les “résultats” de l’armée française au Sahel », et notamment au Mali.

« Depuis 2014, rappelle Le Monde, la principale opération extérieure menée par Paris, avec ses 4 500 soldats répartis dans l’immense Sahel, tente de contenir une menace jihadiste qui prospère sur la pauvreté des populations et l’impéritie des Etats. “La force Barkhane a des résultats”, a récemment assuré devant les troupes la ministre des armées Florence Parly. » Toutefois, « à l’Elysée, on juge l’opération trop lourde », pointe Le Monde qui révèle que « le président a été destinataire d’une note en ce sens. “Barkhane ne sera pas éternelle, mais il faut capitaliser les efforts réalisés ces derniers mois. Cela demande beaucoup de constance et d’humilité”, a précisé la ministre de la Défense. » Et pour ce qui est du Mali, relève encore Le Monde, « nul ne croit vraiment que la (prochaine) présidentielle ouvrira une nouvelle fenêtre politique propre à conforter les résultats militaires. »

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