Omar Ndiaye ‘’Xosluman’’ : « Je suis triste de voir de jeunes artistes imiter les Nigérians »

Artiste, chanteur, compositeur et guitariste, Oumar Ndiaye a marqué la scène musicale au Sénégal dans les années 90. Aujourd’hui, il enchaîne des prestations entre le Canada, les États-Unis et le Brésil. Il allie parfois musique et peinture. Il dit se préoccuper de la voie empruntée par la jeune génération qui n’a pas assumé l’héritage des aînés Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaël Lo… Il alerte sur cette tendance à imiter les artistes nigérians.

Vous êtes un chanteur international sénégalais basé à l’étranger. Qui est Omar Ndiaye ?

Je suis né et ai grandi à Dakar. J’ai commencé la musique avec l’orchestre des Goldens Boys qui fut le premier groupe de jeunes musiciens formés au Sénégal. C’est après la dislocation du groupe que j’ai sorti mon premier album ‘’Xosluman’’ en 1995 avec la maison de production cinématographique et musicale Kus de Moctar Ba qui fut aussi le producteur de feu Madou Diabaté.

Qu’est-ce qui explique votre absence de la scène musicale ?

Pour être honnête, j’ai très tôt compris que je ne ferai pas ma carrière musicale au Sénégal avec le style musical dominant à l’époque, à savoir le mbalax. Ce style était pour la danse. Or, cela ne me ressemblait pas du tout.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire de la musique ?

Je ne pouvais pas échapper. Je suis issu d’une famille de musiciens, de personnes qui chantent. En plus de mon cousin Ibou Cissé qui est le claviste de Youssou Ndour, la musique est une histoire de famille, chez nous.

Votre célèbre album « Xosluman » sorti en 1995 marque encore les esprits…

Il fallait sortir quelque chose qui collait à l’actualité. J’ai alors travaillé sur l’album ‘’Xosluman’’. Il est composé de chansons qui encouragent les jeunes à ne pas baisser les bras. L’album est toujours d’actualité. Aujourd’hui, je peux dire que mon objectif est atteint.

Pourquoi avez-vous choisi de rester en Europe ?

J’avais effectué mon premier voyage en Europe avec la maison de production franco-belge Human’Art, en 1997. C’était pour réaliser le mixage de mon deuxième album ‘’Biir Campus’’ et en même temps faire une série de spectacles. Au retour au Sénégal, je repars en France avec l’association Les Mélangeurs pour une tournée.

C’est après trois ans que j’ai décidé d’aller rejoindre ma femme au Canada. Dans un premier temps, je voulais juste y rester six mois et ensuite revenir au Sénégal. Finalement, je suis resté trois ans, car il y avait des portes me sont ouvertes comme des musiques de film comme ‘’Un cargo pour l’Afrique’’ du cinéaste québécois Roger Cantin). Je faisais partie de ceux qui ont réalisé la trame sonore du ‘’Journal d’un coopérant’’ de Robert Morin lauréat du Syli d’argent de la musique du monde des productions Nuits d’Afrique. J’avais aussi des festivals d’été que je devais faire grâce au prix gagné des productions Nuits d’Afrique et finalement suis resté.

Comment vous vous sentez aujourd’hui au Canada ?

Un adage dit « qui prend femme, prend pays ». Ma femme est canadienne. En plus, il y avait des opportunités pour ma carrière. Si vous avez du talent, on pouvait vite s’épanouir au Canada. Mais pour cela, il faudra faire de la bonne musique.

Pouvez-vous partager les thématiques sur lesquelles vous travaillez en ce moment ?

Je continue toujours de faire de la musique. Le dernier album que j’ai sorti aux États-Unis, ‘’Soutoura’’, est une production du grand guitariste américain Smokey Hormel, en 2021.

Un album que j’ai enregistré dans un studio à Manhattan où des légendes de la musique telles que David Bowie, Herbie Hancock, Maria Carey ont enregistré. J’en suis très fier et ainsi je continue à faire de la scène entre le Canada et les États-Unis.

Quelle est votre perception sur les nouvelles mutations de la scène musicale sénégalaise ?

Je pourrais dire que je suis triste, après le travail abouti réalisé par nos aînés Baba Maal, Youssou Ndour, Wasis Diop, Ismaël Lo, le groupe Touré Kunda. Je suis triste de voir la nouvelle génération qui fait plus de la musique programmée avec des loops de rythmes et instruments qui se trouvent dans les logiciels d’enregistrement. Ils copient les musiciens nigérians. Nos artistes ne savent pas qu’en le faisant, ils ne pourront ni avoir une maison de disque ni avoir un producteur pour des tournées à l’international. Au bout du compte, leurs productions resteront dans les réseaux sociaux comme Tik Tok.

Seneweb

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.