Pakistan: Imran Khan se proclame victorieux des élections législatives

Au Pakistan, les résultats partiels des élections législatives font émerger un candidat: Imran Khan. Après trois premières tentatives ratées, l’ancien champion de cricket est bel et bien sur le point de remporter les élections pakistanaises. Même si le décompte des votes n’est pas complètement terminé, sa formation apparait largement en tête, loin devant son principal adversaire, le PML-N du clan Sharif.

Avec notre correspondante à Islamabad, Solène Fioriti

Imran Khan a fait un long discours d’une demi-heure à la télévision pakistanaise, un discours qu’il a commencé par ces mots « Grâce à Dieu, après vingt-deux ans de lutte, les Pakistanais m’ont donné un mandat ».

Il a ensuite énuméré les enjeux à venir pour son gouvernement. Et notamment la lutte contre la corruption et les excès des puissants, utilisant cette expression : « Je mettrai fin à cette culture du goût du luxe », un propos paradoxal de la part d’un ancien playboy.

Imran Khan a aussi promis de relancer l’économie pakistanaise, d’investir dans l’éducation et a multiplié les promesses sociales. Avec lui, a-t-il affirmé « les miséreux et les riches seront enfin soumis à la même loi ».

Quant à la controverse sur les accusations de fraude qui entachent ce scrutin, il s’est dit prêt à collaborer à toutes les enquêtes qui lui seraient présentées, ajoutant même que d’après lui, ces élections avaient été les plus transparentes de l’histoire du pays.

Des fans enthousiastes devant sa résidence

Alors même que l’ancien sportif professionnel prononce son discours, ses fans se rassemblent devant son domicile. Malgré les forces de sécurité qui bloquent l’accès de cette petite ruelle, ils sont une centaine de supporters à être parvenu jusqu’aux portes d’Imran Khan. Beaucoup ont fait le déplacement depuis la province de Khyber Pakhtunkhwa, une région dans laquelle il a réalisé ses meilleures scores mercredi 25 juillet.
Des partisans d’Imran Khan attendent devant le domicile de l’ancien champion de cricket, à Islamabad, le 26 juillet 2018.REUTERS/Athit Perawongmetha
Wazi Khan est l’un d’entre eux. Ce vieux monsieur au turban crème se déplace avec peine. Mais il a tenu à venir applaudir son héros. « Imran Khan est un grand leader. Regardez en 1992, il a remporté la coupe du monde, et maintenant il est président », s’exclame-t-il. « Nous avons besoin d’un bon président, d’un président honnête, qui reconstruise le Pakistan. »

D’après Ali Safdar, il a toutes les qualités pour réussir : « Il est passionné, il n’abandonne jamais et il est fort. Il va créer des millions d’emplois et faire construire des centaines de milliers de maisons. C’est un très gros boulot ! » Il affirme être venu de Londres pour lui donner un chapelet musulman, qu’il tient à la main et compte lui offrir.

A quelques kilomètres de là, l’ex-Premier ministre Nawaz Sharif est toujours emprisonné pour corruption. Les supporters de son parti sont restés calmes, malgré leur défaite aux élections pakistanaises.

→ A (RE)LIRE : Législatives au Pakistan, les enjeux du scrutin

■ Imran Khan, un sportif de haut niveau, un flambeur et un homme politique

Imran Khan a d’abord fait rêver l’Angleterre. Lorsqu’il débarque du Pakistan pour finir ses études à Oxford, il est encore un beau gosse d’à peine 20 ans. A Londres, il fait la fête en boîte de nuit. Le play-boy sort beaucoup, se fait des amis riches et haut placés, devient glamour. Et son mariage en 1995 avec une héritière anglaise de 22 ans de moins que lui n’en finit pas de passionner les tabloïds.


Imran Khan a aussi fait rêver les fans de cricket. Un sport qui, au Pakistan, est comme le foot au Brésil, une culture à part entière. Le sportif joue pendant 20 ans en équipe nationale, prend sa retraite, puis est rappelé à 39 ans et mène son pays au titre de champion du monde. Sa légende est écrite.

Aujourd’hui, il fait rêver ses partisans, grâce à son discours populiste. Il entend nettoyer la classe politique pakistanaise. Mais à quel prix ? L’armée, qui le soutient sans le dire. Des alliances douteuses avec les partis islamistes. Un caractère illisible, un programme qui change au gré de l’actualité. Ceux qui ne rêvent pas d’Imran Khan, ce sont les cercles libéraux, où il a déjà gagné son surnom : le Donald Trump du Pakistan.

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