Les Boeing 737 MAX frappés par une avalanche d’interdictions de vol

Le ciel européen est dorénavant fermé aux vols des avions Boeing 737 MAX, a décidé l’Agence européenne de la sécurité aérienne après le crash de l’un d’entre eux en Ethiopie, le deuxième en moins de six mois impliquant cette nouvelle génération d’appareils. L’AESA emboîte le pas à plusieurs pays d’Asie, d’Océanie et du Golfe. Aux Etats-Unis, des passagers refusent de monter à bord de ce type d’engins.

L’Agence européenne de la sécurité aérienne suspend tous les vols de Boeing 737 MAX. Plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Italie avaient déjà enclenché leur procédure d’interdiction, faisant eux-mêmes suite à des pays d’Asie, d’Amérique, d’Océanie et du Golfe, de la Malaisie à l’Argentine. L’Inde a indiqué mardi 12 mars au soir qu’elle clouait au sol les Boeing 737 MAX.


Compte tenu des circonstances de l’accident survenu en Ethiopie, nous avons décidé de l’interdiction, à titre conservatoire, des #Boeing737Max dans l’espace aérien français. Nous suivons attentivement l’évolution de l’enquête.

Aux Etats-Unis, des passagers ont même refusé d’embarquer à bord d’un Boeing de ce type, malgré le soutien des compagnies aériennes à l’aviateur américain. Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont décidé de ne pas clouer au sol ces avions, mais veulent obliger Boeing à procéder à des modifications du 737 MAX 8 et du 737 MAX 9, une attitude qui contraste avec cette vague de défiance manifestée par le reste du monde.

→ RELIRE : Après le crash d’un 737 MAX d’Ethiopian Airlines, Boeing dans la tourmente

Cette avalanche d’interdictions de vol visant un modèle d’avion, tant par des pays que par des compagnies aériennes, est inédite dans l’histoire de l’aviation civile.

Un 737 MAX 8 de la compagnie Ethiopian Airlines s’est écrasé dimanche 10 mars au sud-est d’Addis-Abeba peu après le décollage, tuant les 157 passagers et membres d’équipage. Selon un témoin, Tegegn Dechasa, l’arrière de « l’avion était déjà en feu lorsqu’il s’est écrasé au sol » et l’appareil n’a laissé qu’un tas de débris.

Un autre exemplaire de ce modèle opéré par Lion Air s’était abîmé en mer en Indonésie en octobre, là aussi quelques minutes après le décollage et alors que l’équipage avait demandé à revenir se poser sans y parvenir. Les 189 personnes à bord avaient péri.

La FAA n’immobilise pas le Boeing 737 MAX dans l’immédiat

Aux Etats-Unis, le président Donald Trump a déploré que les avions soient devenus « trop complexes » à piloter.

La direction de l’aviation civile des Etats-Unis a toutefois déclaré mardi que rien ne justifiait dans l’immédiat l’immobilisation de tous les Boeing 737 MAX. Dan Elwell, directeur de la FAA, a déclaré qu’une enquête menée en urgence ne montrait « aucun problème systémique de performances » et ne justifiait donc pas « l’immobilisation de l’appareil ».

« Catastrophe industrielle »

Il faudra attendre la fin de l’expertise des boîtes noires qui ont été retrouvées pour connaître les causes réelles, mais pour Jean-Pierre Otelli, pilote et auteur de nombreux ouvrages sur la sécurité aérienne, il est probable qu’il s’agisse d’un problème technique sur l’appareil.

Boeing a ajouté un système sur cet avion MAX, qui est soi-disant un système de protection au cas où l’avion se mettrait en situation de décrochage. Le problème, c’est que, d’une part, les équipages n’ont absolument pas été au courant que ce système avait été ajouté sur ce nouvel avion…
Jean-Pierre Otelli, pilote et auteur de nombreux ouvrages sur la sécurité aérienne

Pour Boeing, c’est une « catastrophe économique autant qu’industrielle », souligne le spécialiste. D’autant que les compagnies qui vont clouer au sol leur 737 MAX risquent de demander des comptes à l’avionneur américain.

DES EXPERTS CHINOIS ET AMÉRICAINS SUR PLACE
L’équipe américaine est envoyée par le bureau d’enquête spécialisé dans l’aviation, le NTSB. Des experts israéliens et chinois sont sur place, bientôt rejoints par des Emiratis. Ils vont devoir récolter des indices. La principale difficulté sur le site est l’éparpillement des débris de l’appareil. Il a ,selon toute vraisemblance, violemment heurté le sol.

Un pilote éthiopien, qui possède une compagnie privée, a témoigné auprès de l’agence Associated Press. Il explique sa surprise lorsqu’il a survolé le site du crash, peu de temps après le drame dimanche. « Il n’y avait rien à voir, c’est comme si la terre avait avalé l’avion. »

Les enregistreurs de vol seront bien sûr l’une des principales sources d’information. Ils ne seront pas examinés en Ethiopie, a indiqué le PDG d’Ethiopian Airlines à CNN. « Peut-être en Europe », avance le journaliste Richard Quest qui a pu parler à Tewolde GebreMariam.

Selon le patron, le pilote a dit à la tour de contrôle qu’il avait des difficultés à contrôler l’appareil. D’après Tewolde GebreMariam, le capitaine avait toutefois reçu les dernières recommandations de Boeing. Il était, selon lui, parfaitement entraîné.

L’autre défi auquel sont confrontées les équipes sur le site du crash est le recueil des restes humains, eux aussi éparpillés sur environ l’équivalent de deux terrains de football. Selon la compagnie, l’identification prendra des jours.

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